Les syndicats estimant que leurs revendications n'ont pas été prises en charge par les pouvoirs publics, montent déjà au créneau et annoncent la couleur. La rentrée risque ainsi d'être marquée, comme de coutume ces dernières années, par l'instabilité et la colère. Le Syndicat national des corps communs de l'éducation et des ouvriers professionnels (SNCCOP) a, dans un courrier adressé au Premier ministre et au Directeur général de la Fonction publique (DGFP), annoncé qu'il compte entamer des mouvements de protestation si la situation actuelle perdure. Ce syndicat qui représente près de 700 000 fonctionnaires estime que la grève demeure le dernier recours face à l'attitude du gouvernement qui ne cesse d'ignorer ses revendications. Les travailleurs des corps communs veulent ainsi se faire entendre, s'estimant lésés dans le cadre de la nouvelle grille de salaires de la fonction publique. Le SNCCOP appelle notamment à lever les ambigüités qui marquent les paramètres d'augmentation salariale au profit des travailleurs. «Actuellement, il y a des travailleurs qui ont bénéficié de hausses de salaire d'un taux avoisinant les 40 %, alors que chez d'autres cela ne dépasse pas les 25 %», affirment plusieurs syndicalistes, ajoutant que cette forme de ségrégation pousse les employés à négliger leur devoir professionnel, ce qui se répercute sur leurs performances. Il est à rappeler que le SNCCOP avait déjà observé plusieurs mouvements de grève et des sit-in depuis septembre 2011, revendiquant la révision de leur statut particulier et le système indemnitaire. Les secteurs de la santé publique, de l'éducation nationale, des transports et de l'enseignement supérieur risquent de connaître le même sort. Les syndicats autonomes de ces secteurs ont déjà annoncé la couleur ces derniers mois, allant jusqu'à menacer de grèves illimitées si leurs doléances socioprofessionnelles ne sont pas entièrement satisfaites par les autorités. Les questions de revalorisation des salaires et des régimes indemnitaires, les statuts particuliers, le droit à la formation continue, les départs à la retraite constituent les principales revendications des syndicats. Si certains ministères continuent d'être gérés par intérim, en raison de la non-nomination d'un nouveau gouvernement par le président de la République, la rentrée risque d'être encore «plus chaude», estiment les syndicats. Une attitude exprimée ouvertement par le secrétaire général du Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap), Belkacem Felfoul, lors de son congrès national tenu en juin à Zéralda. «On espère que le prochain gouvernement ouvrira les voies du dialogue avec les syndicats, sinon on sera dans l'obligation de lutter pour nos droits, toujours de manière légale», a-t-il prévenu. Ces dernières années, rarement une rentrée sociale s'est déroulée dans la sérénité en raison des multiples débrayages et protestation des travailleurs. Entre l'insistance des syndicats à faire valoir leurs revendications et une attitude parfois passive des pouvoirs publics, plusieurs secteurs d'activité risquent donc d'être encore paralysés.