Insalubrité - Quelle est la particularité du mois de ramadan pour la majorité des Algériens ? Marché parallèle, stationnement anarchique, manque de lumières, déchets domestiques qui envahissent les trottoirs et les entrées d'immeubles, vente de brochettes et de crêpes en plein air, travail illicite des enfants, vacarme et jeux bruyants des enfants lâchés en pleine nature... Autant de curieuses activités qui peuvent être une bonne source d'inspiration pour un auteur de fictions. Après la rupture du jeûne, vers 21 heures, les différents magasins de la rue Didouche-Mourad sont déjà ouverts. Les citoyens véhiculés ont la possibilité de stationner d'un côté de la chaussée. Mais les places se font rares et les automobilistes nerveux, doivent jouer des coudes pour se frayer une place. Arriver à en trouver une relève d'un coup de chance. Nous avons eu du mal à avancer car les trottoirs, surtout du côté du marché Ferhat-Boussaâd, sont envahis par toute sortes de marchandises étalées sur des tables de fortune. Des adolescents pour la plupart, interpellent les gens pour vendre leurs produits. Un tapage nocturne qui ne doit, en aucun cas, ravir le voisinage. Il y a de tout : vêtements, ustensiles de cuisine, des éléments de décoration, des jouets, la vente de grillades en plein air, ou encore la préparation de crêpes et même de m'hadjeb sur place. Des activités non réglementées au vu et su des autorités, alors que ces dernières ne cessent de nous harceler de SMS pour nous dissuader d'acheter des produits alimentaires vendus sur la voie publique. Alors que nous avions pris l'habitude de voir ces commerces informels dans des quartiers dits populeux, tels que Belouizdad, Bab El-Oued, El-Harrach, nous sommes abasourdis de les voir rue Didouche-Mourad cette année. «Si les pouvoirs publics ne remédient pas à cette situation, nous parions que l'année prochaine nous les retrouverons installés de part et d'autre de la chaussée, allant du Sacré-Cœur à la place Audin. Les années suivantes, nous les trouverons, peut-être à Hydra ou au Golf, avoisinant la belle villa d'un grand notable», nous disent plusieurs citoyens mécontents. Le second choc de cette virée d'hier soir, ou plutôt de cette mésaventure est certainement la saleté qui a envahi les quartiers du centre de la capitale. «Il faudrait mettre de grandes bottes pour être certains de ne pas tomber sur une mauvaise surprise», nous dit un riverain de l'ex-rue Meissonier. Un peu plus bas, à la place Audin, une «horde» de rats se balade sans crainte. Décidément, tout semble permis durant les soirées du ramadan en terme de liberté pour les enfants. Dès la rupture du jeûne, ces chérubins, dont l'âge ne dépasse pas une dizaine d'années, voire un peu moins, sont au bas des immeubles à appeler, à tue-tête, leurs copains afin de «veiller» comme ils le disent. Jusque-là rien d'anormal, c'est même encouragé par les parents qui voient en ces sorties une occasion pour mieux digérer ou encore une façon d'accorder à leurs progénitures des moments de détente après une dure journée de jeûne. Certains parents octroient ce moment de liberté, le temps d'accomplir les prières des tarawih. Toutefois, certaines familles «oublient» leurs enfants et les laissent dans la rue jusqu'à des heures tardives de la nuit. Durant ces moments de liberté, les mômes s'adonnent à des courses-poursuites, cris, blagues, tout passe et rien n'est laissé au hasard pour faire de cette soirée un grand moment de gaieté avec la décision de renouveler la rencontre le lendemain. Si certains parents rappellent à l'ordre leurs enfants dès la fin des prières surérogatoires, d'autres préfèrent continuer la soirée sans les enfants et sans se soucier du sort de leurs progénitures ou des jeux auxquels ils s'adonnent. Durant ces soirées les bagarres et les bruits sont de la partie. Autant de nuisances sonores qui dérangent les habitants de plusieurs quartiers de la capitale, rendant la vie des citoyens de plus en plus compliquée et stressante. «C'est infernal, on n'arrive plus à se reposer la nuit à cause des commerces qui ne ferment jamais, ces adultes qui s'adonnent à des parties de dominos jusqu'au s'hour et de ces jeunes qui transforment le quartier en un terrain de jeux jusqu'au matin», déplore un habitant de la cité du 8-Mai-1945 de Gué-de-Constantine. Il ajoutera que «parfois, le désir de gagner suscite des rivalités qui peuvent dépasser le cadre du jeu avec des scènes de bagarres et d'insultes». Les habitants de ce quartier, comme ceux de plusieurs autres zones de la capitale, réclament ainsi leur droit élémentaire au calme et à la tranquillité.