Des couples qui se baladent, des enfants qui courent dans tous les sens et des commerces qui restent ouverts apr�s minuit. C�est l�image qu�offre, tous les soirs et depuis le d�but du mois de Ramadan, l�un des quartiers les plus populaires d�Alger : Bab-El-Oued. Reportage r�alis� par Ly�s Menacer Depuis le d�but du mois de Ramadan, les principales all�es de Bab-El- Oued, � quelques encablures du centre d�Alger, sont envahies, apr�s la rupture du je�ne, par une mar�e humaine. On vient de Triolet, de Zghara, de Bab-Djedid, de la rue Mizon et m�me des quartiers limitrophes de la capitale pour se d�tendre, faire ses achats et surtout se soustraire, pour quelques moments, � la chaleur. A la place Kettani, qui a �t� r�am�nag�e apr�s les tragiques inondations de novembre 2001, le d�fil� des familles ne cesse gu�re jusqu�� une heure tardive de la nuit. Au milieu de ces jeunes qui ont le regard riv� sur la M�diterran�e et de ces couples qui admirent la beaut� de Notre-Dame d�Afrique qui domine Zghara, des enfants profitent des derniers jours de vacances avant la rentr�e scolaire. Certains jouent � la bicyclette, au ballon, au moment o� d�autres poussent leurs parents � faire la tourn�e des magasins de jouets, situ�s au c�ur de Bab-El-Oued. Ces derniers ne d�semplissent pas, alors que l�A�d est encore loin. Malgr� la chert� de la plupart des jouets, dont la qualit� laisse souvent � d�sirer, les parents finissent par c�der aux caprices de leurs enfants et rentrer vite chez eux pour �viter des d�penses suppl�mentaires. D�autres, par contre, consacrent toute la soir�e � la recherche de fournitures scolaires � moindre co�t. Au carrefour des Trois- Horloges, le march� informel est pris d�assaut par les vendeurs � la sauvette qui exposent toutes sortes de marchandises. On y vend des v�tements, des chaussures, des jouets, des objets de d�coration et autres gadgets. Et des acheteurs, il y en a par dizaines. En face, un vendeur de �zlabia de Boufarik�, affichant le prix de 130 DA le kilogramme, peine � attirer les clients qui pr�f�rent s�offrir des glaces ou un jus de citron � 40 DA. Ces soir�es ramadanesques sont aussi une occasion pour ceux qui travaillent toute la journ�e de faire un tour chez le coiffeur du coin. Pour les jeunes filles et les m�nag�res, s�arr�ter devant un magasin de v�tements est plus qu�indispensable. Au milieu des cris de vendeurs, des klaxons de v�hicules, des policiers en civil patrouillent les lieux discr�tement. Leurs coll�gues de la Brigade mobile de la police judiciaire rejoignent leurs v�hicules pour une longue tourn�e dans la ville qui prendra fin dans la matin�e. Paradoxalement, les caf�t�rias se vident rapidement de leurs clients qui se regroupent autour d�une partie de dominos au coin d�une rue ou � l�entr�e des immeubles longeant les grandes art�res de la ville. Les vendeurs de CD, qui diffusent � forts d�cibels les chansons du d�funt Guerrouabi, animent � leur mani�re les lieux. Le ballet des vendeurs de th� ajoute du charme aux soir�es ramadanesques qui font oublier aux gens leur quotidien difficile. Il �tait presque 22 h, mais le propri�taire d�une r�tisserie continuait � servir du m�choui et des frites pour des clients retardataires. Au niveau du boulevard colonel Lotfi, sur le tron�on longeant la mosqu�e Enasr, des t�l�phones portables et autres accessoires de t�l�phonie sont propos�s aux passants qui se voient oblig�s de slalomer entre ces groupes de jeunes qui squattent de jour comme de nuit les lieux. Loin des regards indiscrets, � l�int�rieur du jardin relevant de la mosqu�e Enasr, trois jeunes, dont l��ge ne d�passe pas la trentaine, fument tranquillement un joint. Ils gardent toutefois l��il vigilant et scrutent les gestes des passants. Au c�ur de Bab-El- Oued, le cin�ma Tamgout est ferm� depuis des ann�es, privant des dizaines de personnes de moments d��vasion et de plaisir. Loin des regards� Loin de l�embouteillage r�gnant aux Trois- Horloges et de cette ambiance de f�te, dans des quartiers mal �clair�s de Bab-El-Oued, le temps est aux petites parties de dominos et de cartes entre les anciens. C�est le cas dans une caf�t�ria de la rue Richelieu, que les jeunes du quartier appellent �Richely�. Il y a aussi la pr�sence des sans-abri et des attard�s mentaux qui fouillent dans les sacs d�ordures � la recherche de quelque chose � manger. Ils disparaissent avec l�arriv�e du camion des �boueurs qui d�barrassent le quartier des ordures entass�es pendant des heures sur les trottoirs. En haut de cette caf�t�ria de la rue Richelieu, la majorit� des croyants effectuent la pri�re de tarawih sur la place publique et les espaces verts, compl�tement abandonn�s. Derri�re eux, des enfants jouent aux billes. Il est 22h20 et la pri�re de tarawih vient � peine de se terminer. En quelques minutes, un embouteillage s�est form� dans la ville, lequel s��tend jusqu�au lyc�e Emir- Abdelkader. Cette ambiance de f�te, qui n�a pas son pareil ailleurs, dure jusqu�apr�s minuit, notamment en cette p�riode de grosses chaleurs. A part la rue Didouche- Mourad, o� l�on trouve quelques commerces ouverts apr�s minuit, c�est la morosit� dans les autres quartiers d�Alger. Cela explique en partie pourquoi de nombreuses personnes aiment se rendre � Bab-El-Oued, durant ce mois de ramadan, o� les soir�es ont plus ou moins gard� leur cachet d�antan.