Etape - L'opération portant éradication des marchés informels avance timidement. Les autorités publiques ont décidé, tel que rapporté dans nos précédentes éditions, d'éliminer les marchés informels et de mettre fin aux commerces pratiqués par des vendeurs à la sauvette au niveau des grandes villes du pays. Une action réglementaire considérée comme indispensable, mais qui reste néanmoins timide. Après l'exemple du marché de Bachdjarah où les autorités ne trouvent pas encore la procédure idoine pour intervenir, c'est au tour des marchands ambulants stationnés sur toute la longueur du boulevard Mohamed-Belouizdad de recevoir la visite des brigades d'intervention pour libérer la voie publique occupée depuis plusieurs années par des vendeurs à la sauvette. C'est d'ailleurs depuis hier, que ce boulevard, entièrement déserté de ses occupants, est cerné par des policiers matraques en bandoulière. Ce matin, quelques étals vides sont là, «attendant les camions des services communaux pour être transportés vers les différentes décharges», nous disent certains riverains. L'opération semble avoir été exécutée sans heurts à en croire certains revendeurs et commerçants du boulevard Belouizdad. «Les services de sécurité nous ont sommés de quitter les lieux. De notre côté, nous avons obtempéré sans aucune résistance», nous dit un marchand ambulant de légumes qui a garé son véhicule dans une ruelle adjacente, loin des regards des services de sécurité. Néanmoins, en dépit des interventions et des descentes policières, les vendeurs à la sauvette, avons-nous constaté, continuent à occuper les trottoirs de plusieurs ruelles adjacentes dont ceux du célèbre marché T'nach pour proposer divers produits, de l'alimentation, de l'habillement et des cosmétiques. En ces lieux, les jeunes vendeurs sont dans l'expectative. Ils attendent inquiets une descente des services de sécurité pour «libérer le plancher», tel que le dit un vendeur. «Que voulez-vous que je fasse ? Rester assis et ne rien faire ? Il n'y a pas de travail en Algérie», c'est la réponse récurrente exprimée par ce vendeur qui a décidé d'aller en compagnie de ses pairs à la rencontre du maire de sa commune pour une éventuelle dérogation. Pour un officier de police accosté sur les lieux, «la loi, c'est la loi. Pour le moment nous sommes chargés de libérer le boulevard Belouizdad, en attendant d'autres directives pour ce qui est de marché T'nach et Laâkiba». C'est pour quand cette opération ? Le représentant de l'ordre refuse d'en dire plus. «Nous avons des supérieurs qui planifient le travail. Les décisions de l'Etat pour l'éradication des marchés informels sont claires, il ne nous reste que le feu vert de notre hiérarchie pour agir», dit-il en conclusion. Au niveau de la wilaya d'Alger, la décision semble prise. «Durant le ramadan, les autorités publiques ont toléré les marchés informels. Certaines ruelles ont été occupées pendant tout le mois sacré offrant aux clients différents produits, y compris les articles scolaires et les livres. Les policiers ont reçu l'ordre de ne pas intervenir, ce qui a fait dire à certains que l'Etat a adopté une vision sociale à l'égard de ces franges de la population. Et maintenant le débat s'enclenche. Faudrait-il autoriser le marché informel, car il permet aux démunis de gagner leur vie ou éradiquer ce phénomène étant donné ses conséquences sur le commerce et l'économie du pays ? Dans ce débat, il apparaît que la solution d'éradication est salutaire, et elle doit être menée à terme», nous dit une source au niveau de la wilaya d'Alger. Aujourd'hui, c'est Belouizdad, demain ce seront d'autres quartiers jusqu'à faire de la capitale une wilaya où il fera bon vivre. Toutefois, il ne faut pas croire que l'Etat va lâcher ces jeunes. Nous allons les suivre jusqu'à les insérer dans le circuit commercial légal», nous dit-on aussi.