Constat - La Révolution algérienne occupe une place particulièrement prépondérante dans la production cinématographique. Longtemps le cinéma algérien, notamment dans les années 1970, a consacré un grand budget à la réalisation des films portant sur la Guerre de libération, un intérêt relevant surtout d'une volonté politique. Cinquante ans après l'indépendance de l'Algérie, les thèmes de la Révolution nationale, autrefois récurrents, occupent de nouveau le devant de la scène cinématographique algérienne et ce, dans le cadre des projets de films prévus notamment à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance. Le but de cet intérêt pour les films dans lesquels l'engagement, la bravoure et le sacrifice du peuple pour l'affranchissement du joug colonial, après 132 ans de domination, de soumission et de servitude, donc son inscription dans le processus - un acte décisif - de libération nationale, se traduit par ce souci permanent ressenti, à l'époque, par les autorités à mettre en image la lutte armée du peuple algérien pour le recouvrement de sa liberté. Si les thèmes de la Révolution occupaient une place particulièrement prépondérante dans la production cinématographique, c'était aussi une manière de «contribuer à la préservation de la mémoire nationale et d'inculquer les valeurs révolutionnaires à la nouvelle génération», soulignent plusieurs professionnels du cinéma algérien, dont certains en sont les pionniers, à l'instar de Ahmed Rachedi - celui-ci a réalisé L'Opium et le bâton, une adaptation du roman de Mouloud Mammeri, et, plus récemment, Ben Boulaïd. Celui-ci raconte le parcours du martyr Mustapha Ben Boulaïd et sa grande contribution à la Guerre de Libération nationale. Cinquante ans après l'indépendance, qu'en est-il de cet intérêt pour les films traitant de la Révolution et de l'engagement du peuple algérien dans le processus de libération nationale ? A partir des années 1980, l'on a assisté à un certain relâchement de l'intérêt pour les films traitant de la Révolution : à l'époque, le cinéma algérien se préoccupait des thèmes plus sociaux et d'actualité. Plus tard, dans les années 1990, le cinéma algérien est frappé de léthargie, suite à la dissolution des entreprises chargées de la production, de la réalisation et de la diffusion du produit filmique, donc de la démission de l'Etat. Cependant, la décennie 2000 a connu une reprise quoique timide, occasionnelle, voire conjoncturelle, de la production cinématographique. En outre, les sujets abordés par ce cinéma «renaissant» traitent, pour la plupart, de la tragédie nationale vécue dans les années 1990. Ce n'est que ces quelques dernières années que l'on peut constater qu'il y a un regain d'intérêt pour les productions abordant la Révolution de Novembre. D'ailleurs, l'Etat n'hésite pas à consentir des budgets considérables à cet effet, notamment avec la commémoration du cinquantenaire de l'indépendance. Il y a même un projet plus ambitieux et en conséquence plus coûteux, celui sur l'Emir Abdelkader. - On assiste depuis plus d'une décennie à un phénomène alarmant et désolant, à savoir que les nouvelles générations n'ont plus d'appartenance à la patrie ni au pays. Les jeunes d'aujourd'hui rêvent d'ailleurs. Tous veulent quitter le pays, ce pays à laquelle un million et demi d'âmes ont été sacrifiées pour son indépendance. Pour rappeler aux jeunes ce sacrifice, l'Etat ne lésine d'ailleurs pas sur les moyens pour produire des films sur la Guerre de libération et ceux qui l'ont menée. En outre, l'on peut expliquer cette «manœuvre politique» par le souci de continuer à «préserver la mémoire nationale et à glorifier la Révolution qui a permis aux Algériens de retrouver leur véritable image, longtemps ternie par la colonisation française», dira Ahmed Rachedi. «Le cinéaste n'est pas un historien, mais grâce à la force et à la magie des images, il peut inscrire des faits historiques à tout jamais dans la mémoire des spectateurs», poursuit-il. Ainsi, l'Algérie s'emploie à reconquérir, à recouvrer et à renforcer la mémoire collective à travers l'image, voire le cinéma qui s'avère fédérateur. L'Etat cherche à rassembler les nouvelles générations autour de son histoire et de son patriotisme.