Résumé de la 1re partie - Le pilote et le copilote, aux commandes de l'avion, s'effondrent dans leurs fauteuils. On demande un médecin... L'instant d'après, Chantal Oliveri va au micro pour prononcer l'annonce : — Y a-t-il un médecin à bord ? La phrase provoque un remous de nervosité dans l'avion. Un homme d'une trentaine d'années se lève. Par chance, il a avec lui sa trousse médicale, qu'il va prendre dans le porte-bagages. Chantal lui dit brièvement : — Suivez-moi ! Quand les passagers se rendent compte que c'est vers la cabine de pilotage qu'elle conduit le docteur, le remous de nervosité se transforme en murmure d'inquiétude. Avec beaucoup de sang-froid, Chantal s'empare de nouveau du micro pour enrayer ce qui pourrait devenir un début de panique. — Il n'y a aucune raison de s'alarmer. Le radio a une légère indisposition. C'est tout. Si, il y a des raisons de s'alarmer et les plus graves ! Quelques minutes plus tard, après avoir pris le pouls, la tension et examiné rapidement les deux navigants, le médecin se redresse : — Intoxication alimentaire. Les deux hommes ne réagissent pas. Ils sont dans un état de complète hébétude. C'est Chantal qui s'adresse au docteur : — C'est grave ? Le praticien s'écarte un peu et baisse la voix : — Peut-être... Il y a parfois des cas mortels. Il faudrait essayer de connaître l'aliment en cause. Vous avez déjeuné avec eux ? — Oui. — Et vous ne vous souvenez pas de quelque chose qu'ils auraient mangé tous les deux et eux seuls ? L'hôtesse se concentre et brusquement les deux petits mots «Moi aussi» lui reviennent. — Une crème renversée. Au grand désespoir de la jeune femme, le visage du praticien s'assombrit. — Des œufs et des laitages : ce sont les substances les plus toxiques. Avec la chaleur qu'il y avait à Montréal, tout cela a dû tourner et se remplir de germes. — Qu'est-ce qu'on peut faire ? — Normalement, les hospitaliser, mais il faudra évidemment attendre Paris. — Et dans votre trousse, vous n'avez rien ? — Pour les soigner à proprement parler, non. Pour les soulager, oui. Malheureusement... — Malheureusement ? — Malheureusement, ce sont des substances décontractantes, qui ont un effet soporifique. Sur la notice, il est écrit : «Totalement incompatible avec la conduite des véhicules automobiles», alors... — Mon Dieu ! Chantal Oliveri pousse un cri horrifié. Elle vient de comprendre qu'il s'agit de bien autre chose que de l'état de santé de deux hommes ; il s'agit de la vie ou de la mort de plus de deux cents passagers et membres d'équipage, il s'agit de... sa vie ou de sa mort. — Vous pensez qu'ils pourraient être incapables de poser l'avion ? La voix du jeune médecin reste calme. Et, pourtant, son sort, à lui aussi, est en jeu. — Il y a un grand risque. Ce genre d'affection ôte pratiquement tout moyen. Cela peut aller jusqu'au coma. Comme pour en avoir confirmation, il revient vers les deux malades. Ils sont prostrés sur leur siège, les yeux clos, la bouche tordue par une affreuse grimace de souffrance. Ils n'ont même pas l'air d'avoir conscience de l'endroit où ils se trouvent ni des responsabilités qui sont les leurs. Le médecin secoue vivement le commandant par l'épaule. (A suivre...)