Innovation Il est difficile de résister aux avances de Colombine films comme il est difficile aussi de ne pas voir dans ses actions l?importante bouffée d?oxygène qu?elle procure au monde du spectacle. Il suffirait de nous remémorer, dans ce domaine précis, l?incroyable apathie de ces dernières années pour apprécier à leur juste valeur les merveilleux moments musicaux en ce printemps. A titre de comparaison, il faudrait, peut-être, reparler de ces pâles mises en scène d?activités pseudoculturelles et musicales qui ont émaillé ces dernières années. On nous distillait un folklore dévoyé appuyé par des saynètes affligeantes de médiocrité durant lesquelles on se servait de la circoncision collective de mômes pour en faire des tartes événementielles. Souvenons-nous aussi de ces désagréables sons métalliques et de ses multiples effets doppler qui se répétaient tout au long du spectacle, s?érigeant ainsi en véritable cabotins de la soirée... Avec Colombine films, société algéroise qui s?est spécialisée dans le montage de spectacles «image et son», fini le bricolage. Les organisateurs, cette année, auront eu raison de faire appel, une fois de plus, à son expérience dans le domaine. Le résultat est là, parfait. On peut dire que cette nouvelle vision du spectacle, expurgée des insanités passées, s?installe et Colombine films de tomber à pic pour nous réconcilier avec le spectacle avec un grand «S». Le présent programme, placé cette année sous l?intitulé «Musique plurielle Djazaïr 2004», aligne de grands noms de la musique dite de «fusion» (rapprochement des peuples oblige !), formulée avec brio par des groupes aux envolées généreuses, écoutées avec un réel plaisir grâce à un travail magistral sur le son. Pour ceux effectivement qui se rappellent les spectacles donnés ici même à Constantine l?année dernière, et qui ont été témoins du dernier en date, tout commentaire est superflu. En effet, en mars 2003, une édition initiée et produite par la même société, sous l?appellation «Madjazz», réunissait pour la plus grande délectation des Constantinois, Tunisiens, Français et Espagnols. Ce fut un échange constructif qui fut le starter pour la réédition de 2004. Ainsi, cette année après avoir organisé deux concerts de la star mondiale de jazz, Joseph Zawimul et son groupe The Zawimul Syndicat à Alger, Colombine revient, comme très attirée par Constantine, avec cette fois, des groupes venus d?Autriche, de France et du... profond Tassili N?ajjer. Des groupes à découvrir, assurément. En leurs pays respectifs (sauf encore pour celui du Tassili, le groupe Ferda) ils sont déjà fort connus et très appréciés. C?est là une occasion en or, pour nos compatriotes venus du fin fond du Sud, de se faire connaître. Ils le méritent car la surprise fut générale lorsque des notes et des chants généreux fusèrent de ce groupe, créant l?apothéose... Quelle ville peut donc accueillir ce genre de concerts mieux que Constantine, ville des ponts, de l?amitié et de la connaissance des autres ? Assurément, les organisateurs ont bien choisi car le site grandiose, ses ponts, ses gorges profondes et son trait d?union entre passé et présent, grâce notamment à sa Casbah et sa ville moderne, auront effectivement donné le «la». Merci Colombine et bravo les artistes.