Statistiques - La dernière enquête socioéconomique de l'ONS a démontré qu'il y a seulement 6 % de femmes à la tête d'entreprises en Algérie. C'est ce qu'a déclaré, hier, l'experte en entrepreneuriat et chef d'entreprise, Nacéra Haddad en marge du 3e colloque international sur «l'entrepreneuriat féminin en Algérie» organisé par le ministère de la Solidarité nationale et de la Famille avec la coopération technique belge, à l'hôtel El-Djazaïr à Alger. Pour elle, «ce chiffre est extrêmement bas alors que les femmes sont en moyenne plus diplômées que les hommes, soit 75% de diplômés de l'enseignement supérieur et plus de 50% de la formation professionnelle sont des femmes». Malheureusement, ces dernières sont soit au chômage, soit elles se dirigent vers des activités informelles», a-t-elle ajouté. Ce résultat obtenu est accablant «malgré la volonté du premier magistrat du pays, Abdelaziz Bouteflika qui a toujours encouragé la femme et a voulu faire d'elle un acteur édifiant à part entière dans la société et l'inciter à être volontariste pour franchir le domaine de l'entrepreneuriat». Dans ce sillage et faisant un état des lieux sur l'entrepreneuriat féminin en Algérie, cette experte a révélé que la plupart des dispositifs n'ont pas contribué favorablement à la création de microentreprises. Selon une étude sur le projet de la condition féminine (Condifem) initiée par l'ex-département de Nouara Djaâfar et réalisée par des spécialistes algériens «52% de femmes entrepreneurs ont financé leurs entreprises hors ces dispositifs d'aide à la création de microentreprises. D'autant plus, poursuit-elle, que «ces dispositifs ont réalisé des résultats en deçà des attentes». La même étude a révélé qu'actuellement le dispositif Ansej est loin de garantir ou faire apparaître un signe particulier de l'entrepreneuriat féminin et que 9 % des projets financés par l'Ansej sont en faveur de jeunes promoteurs dont 1/4 est orienté dans les services. En outre, 46% ont été financés par l'Angem, a révélé Mme Haddad. Pour cela, elle préconise qu'il va «falloir s'orienter vers une nouvelle gouvernance de ces dispositifs. Parmi les recommandations envisagées par cette congressiste, il y a lieu de mettre en place une politique volontariste par les pouvoirs publics en direction des universités et des centres de formation pour inculquer l'entrepreneuriat et amener les femmes à ne plus avoir peur de se lancer dans les projets entrepreneuriaux et de faire en sorte que les dispositifs travaillent de manière différente quitte à pousser les femmes à s'inscrire dans ces dispositifs, inculquer la culture entrepreneuriale et enfin remettre les collectivités locales, daïra, APC au centre de la création des banques de projets viables en fonction des richesses de chaque localité. Rappelons que le projet Condifem, dont le budget alloué est d'un million d'euros, a pour objectif principal de mettre en place un programme permettant le renforcement des capacités professionnelles et le lancement d'un programme de formation sur l'entrepreneuriat féminin dans le cadre de ce projet de partenariat algéro-belge. - Le représentant de l'Angem, directeur de la coopération auprès de cette instance, Mourad Abbad, a indiqué lors de cette rencontre que depuis sa création en 2004, l'Angem a octroyé plus de 391 000 DA de crédits dont 60 % des bénéficiaires sont des femmes. «Les secteurs d'activité dans lesquels la femme a pu s'inscrire sont l'artisanat traditionnel et la petite industrie, soit un taux de participation qui dépasse les 90 %», a-t-il renchéri. Pour ce qui est de l'Ansej, la représentante de l'agence a mentionné que parmi 232 508 projets inscrits au 28 août 2012, 24 487 sont réalisés par des femmes, soit 11 % des projets dont 23 % des bénéficiaires sont des universitaires. Ces projets concernent notamment les services qui représentent 52 % avec 12 657 projets, suivis par l'artisanat avec 21 %.