Conditions - La journée d'hier s'est achevée par une avancée dans les discussions entre Bamako et la Cédéao. Le ministre malien de la Défense, Yamoussa Camara, a rencontré à Abidjan le chef de l'Etat ivoirien Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao, à qui il a remis un message de Dioncounda Traoré. Il assure que le déploiement de forces ouest-africaines à Bamako est possible à condition qu'il se déroule avec «discrétion» pour ne pas choquer la population. «Il s'agissait de voir quel est le meilleur cadre pour que ces forces soient déployées sans trop heurter la susceptibilité et la sensibilité des populations qui restent très attentives au déploiement de toute force étrangère sur notre territoire», a expliqué à la presse Yamoussa Camara, à l'issue de cet entretien. «Il y a eu une certaine presse qui a fait courir les rumeurs selon lesquelles les Maliens ne souhaitaient pas que soit déployée à Bamako une base logistique et un PC de la Cédéao, toutes choses qui sont indispensables pour la suite des opérations. Ca n'a jamais été le cas», a assuré le ministre malien. La Cédéao avait demandé à Bamako de réviser ses exigences. Le président malien s'était en effet montré opposé au déploiement de «forces militaires combattantes» à Bamako même, conformément au vœu de l'ex-junte militaire qui a renversé, le 22 mars, le président Amadou Toumani Touré. Vendredi soir, le président malien a souhaité une libération du Nord par «la négociation ou par la force». Prioritairement, il a appelé les groupes armés à entamer des «négociations sincères», «dans le respect strict de l'intégrité territoriale et de la laïcité de la République». Mais il a aussi demandé à la nation «l'union sacrée» autour de l'armée, en disant : «Puisque nous la préparons, nous ferons la guerre s'il ne nous reste plus d'autre choix». Dans le camp des pro-putsch, Nouhoum Keita, du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l'intégration (Sadi), s'est dit «d'accord avec le président» : «Il faut négocier. Si la négociation échoue, nous allons partir en guerre». A Bamako, le colonel Youssouf Traoré, membre du front anti-putsch (Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la république, FDR), a rejeté l'option de la négociation : «Ce qu'il faut, c'est libérer le pays par la guerre», a-t-il dit, en demandant à la Cédéao de «laisser les armes, bloquées dans les ports de Dakar et Conakry, revenir au Mali». Anniversaire dans le désarroi Le Mali, dont tout le Nord est occupé par des groupes islamistes armés, a célébré, hier, le 52e anniversaire de son indépendance dans le désarroi et sans grand espoir de voir la crise se résoudre rapidement. Une cérémonie brève et simple a commémoré l'indépendance de l'ex-colonie française (1895-1960) à Bamako, sous la surveillance de nombreuses forces de l'ordre. Le président par intérim Dioncounda Traoré a déposé une gerbe de fleurs sur la place de l'Indépendance, en présence des membres du gouvernement, à l'exception du Premier ministre Cheikh Modibo Diarra, en mission à New York. Une simple prise d'armes symbolique et un défilé ont été organisés à l'intérieur même du camp du génie militaire à Bamako.