Résumé de la 73e partie - Sophia est surprise par cette idée de Magda d'envoyer Joséphine en pension en Suisse... Je me risquai à faire observer qu'un séjour en Suisse poserait peut-être certains problèmes de change, assez difficiles à résoudre. Magda balaya l'objection du geste. — Du tout, Charles, du tout ! Il y a des accords entre les établissements d'enseignement, on peut prendre un enfant suisse en échange, il y a toutes sortes de moyens... Rudolf Alstir est à Lausanne. Je lui télégraphierai demain. Il s'occupera de tout et elle pourra partir à la fin de la semaine. Souriante, Magda se leva et se dirigea vers la porte. Avant de sortir, elle se retourna vers nous : — Il faut d'abord songer aux jeunes ! Elle avait très gentiment donné sa dernière réplique. Elle la compléta : — Ils passent avant tous les autres ! Pensez, mes chéris, à ce qu'elle va trouver là-bas ! Les fleurs ! Les gentianes toutes bleues, les narcisses... — En novembre ? dit Sophia. Magda était déjà sortie. Sophia n'en pouvait plus. — Maman est vraiment exaspérante ! s'écria-t-elle. Qu'une idée lui vienne, elle s'emballe, lance des centaines de télégrammes et il faut que tout soit fait du jour au lendemain ! Pourquoi est-il tout à coup urgent d'expédier Joséphine en Suisse sans perdre une minute ? Je fis remarquer à Sophia que l'idée de mettre l'enfant en pension n'était pas si mauvaise et que Joséphine se trouverait sans doute fort bien d'être en contact avec des petites filles de son âge. Sophia s'entêtait. — Grand-père n'était pas de cet avis-là ! — Mais croyez-vous, Sophia, qu'un vieux monsieur de plus de quatre-vingts ans soit très bon juge en la matière ? — En fait d'éducation, grand-père s'y connaissait aussi bien que n'importe qui dans cette maison ! — Aussi bien que la tante Edith ? — Je n'irai pas jusque-là et j'admets que tante Edith a toujours dit qu'on devrait envoyer Joséphine en classe. La petite est difficile et elle a l'horrible habitude de fourrer son nez partout... Mais c'est surtout, je pense, parce qu'elle adore jouer au détective. Etait-ce uniquement pour le bien de Joséphine que sa mère avait brusquement décidé de l'expédier en Suisse ? Je continuai à me le demander. La petite était remarquablement renseignée sur quantité de choses qui s'étaient passées avant le crime et qui, de toute évidence, ne la regardaient pas. La vie de pension ne lui ferait pas de mal, au contraire. Mais était-il vraiment nécessaire de diriger sans délai l'enfant sur un pays aussi éloigné que la Suisse ? J'avais du mal à m'en convaincre. Le «pater» m'avait dit : «Fais-les parler !» Je suivis son conseil. Le lendemain matin, tout en me rasant, j'essayai de voir ce que cela m'avait donné. Edith de Haviland s'était dérangée tout spécialement pour s'entretenir avec moi. Je pus avoir une conversation avec Clemency et assister en spectateur aux bavardages de Magda. (A suivre...)