Résumé de la 72e partie - Sophia se rend compte combien elle était heureuse au Caire, quand elle était loin de sa famille... A mon sentiment, il y a quelque chose d'émouvant dans cet amour d'une vieille fille pour les enfants de sa sœur. Il faudra qu'un jour je joue un personnage de ce genre-là. Une vieille tante célibataire, qui fourre son nez partout, têtue, mais bonne et le cœur débordant d'amour... Soucieux de ne pas laisser la conversation s'égarer, j'intervins. — Après la mort de sa sœur, elle a dû connaître des jours fort pénibles. Etant donné qu'elle détestait son beau-frère... Magda ne me laissa pas poursuivre. — Qu'est-ce que vous dites ? Où avez-vous pris ça ? Elle était amoureuse de lui ! — Maman ! — N'essaie pas de me contredire, Sophia ! Bien sûr, à ton âge, on s'imagine que l'amour est exclusivement réservé aux beaux jeunes gens qui s'en vont rêver à deux au clair de lune ! — Mais, dis-je, c'est elle-même qui m'a déclaré qu'elle l'avait toujours détesté. — C'était peut-être vrai quand elle est arrivée ici. Elle en avait voulu à sa sœur d'avoir épousé Aristide. Qu'il y ait toujours eu entre elle et lui certains frottements, je le veux bien, mais amoureuse de lui, elle le fut, j'en suis sûre ! Croyez-moi, mes petits, je sais de quoi je parle ! Evidemment, comme elle était la sœur de sa défunte femme, il n'aurait jamais pu l'épouser... et je suis bien persuadée qu'il n'y a jamais pensé. Elle non plus, d'ailleurs. Elle gâtait les enfants, elle se disputait avec lui, ça lui suffisait pour être heureuse. Mais elle n'a pas été contente quand il s'est remarié. Pas du tout, même ! — Vous n'avez pas été ravis non plus, papa et toi ? dit Sophia. — Bien sûr que non ! Nous avons trouvé ça odieux naturellement ! Mais Edith, c'était bien pis ! Si tu avais vu, ma chérie, la façon dont elle regardait Brenda ! — Voyons, maman ! Magda tourna vers sa fille un regard chargé de tendresse et d'humilité, un regard d'enfant gâté qui a quelque chose à se faire pardonner, puis, sans paraître se rendre compte qu'elle passait à un sujet tout différent, elle reprit : — J'ai décidé de mettre Joséphine en pension. Il est grand temps. — En pension ? Joséphine ? — Oui. En Suisse. Je m'occuperai de ça demain. Je crois qu'il faut que nous nous séparions d'elle au plus tôt. Il est très mauvais pour elle d'être mêlée à cette vilaine affaire. Elle ne pense plus qu'à ça ! Elle a besoin d'avoir de petites camarades de son âge. Il lui faut la vie du pensionnat. J'ai toujours été de cet avis-là. — Ce n'était pas celui de grand-père ! — Le cher homme voulait nous avoir tous sous les yeux. Les très vieilles gens deviennent quelquefois un peu égoïstes sous certains rapports. Une enfant doit être avec d'autres enfants. Et puis, la Suisse, c'est un pays très salubre ! Les sports d'hiver, le grand air, une nourriture bien meilleure que celle que nous avons ici... (A suivre...)