Résumé de la 74e partie - Charles, contrairement à Sophia, pense qu'il est bon d'envoyer Joséphine en pension... Sophia m'avait parlé, naturellement. Nannie elle-même me fit des confidences. Tout cela m'avait-il appris quelque chose ? Avait-on prononcé devant moi un mot, une phrase qui pût me mettre sur la voie ? Quelqu'un a-t-il affiché cette vanité anormale de l'assassin, sur laquelle mon père avait attiré mon attention ? Je n'en eus pas l'impression. La seule personne qui montra qu'elle n'avait pas le moindre désir de me parler, et de quoi que ce fût, c'était Philip. Je trouvais cela singulier. Il devait savoir que j'avais l'intention d'épouser sa fille. Malgré cela, il se comportait comme si je n'avais pas été dans la maison, sans doute parce que ma présence lui était désagréable. Edith de Haviland essaya de l'excuser, en me disant qu'il était «difficile à comprendre». Elle me laissa deviner que Philip lui causait du souci. Pourquoi ? Je songeai à lui. L'homme avait été un enfant malheureux, parce que jaloux de son aîné. Il s'était replié sur lui-même, et aujourd'hui, vivait dans ses livres, avec le passé. Sa froideur pouvait fort bien cacher des passions insoupçonnées. Financièrement, il ne gagnait rien à la mort de son père, mais cette observation offrait peu d'intérêt, Philip n'étant manifestement pas de ces gens qui peuvent tuer pour une question d'argent. Seulement, d'autres mobiles, d'ordre purement psychologique ceux-là, pouvaient être envisagés. Philip était venu vivre dans la maison paternelle. Plus tard, au moment du «Blitz» Roger l'y avait rejoint et, jour après jour, Philip fut obligé de constater que le vieil Aristide marquait une préférence pour son fils aîné. Ne pouvait-on supposer qu'il en était venu à penser que cette petite torture quotidienne qui lui était infligée ne cesserait qu'avec la disparition de son père... et que, si le vieux venait à mourir de mort violente, les soupçons porteraient surtout sur Roger, qui avait des ennuis d'argent et se trouvait à deux doigts de la faillite ? Ignorant tout du dernier entretien de Roger avec son père, Philip ne s'était-il pas dit que Roger apparaîtrait tout de suite comme le seul coupable possible ou comme le plus vraisemblable ? Raisonnement hasardeux, mais pouvait-on jurer que Philip soit absolument sain d'esprit ? Je lâchai un juron : je venais de me taillader le menton d'un coup de rasoir. Où diable voulais-je donc en venir ? À démontrer que le père de Sophia était un assassin ? Joli travail ! Mais pas celui que Sophia attendait de moi ! À moins que... Mais oui ! En me priant de venir à «Three Gables», elle avait une idée derrière la tête. N'était-ce pas qu'elle nourrissait des soupçons analogues aux miens ? Si je ne me trompais pas, n'expliquaient-ils pas son attitude ? Ayant de tels soupçons en l'esprit, elle n'aurait jamais consenti à m'épouser, dans la crainte qu'un jour vînt où leur bien-fondé ne se trouvât prouvé. (A suivre...)