Regret - La question d'achat des droits d'auteurs se révèle un problème à l'accès aux classiques algériens à moindre coût. Les éditeurs participant au 17e Salon international du livre d'Alger qui s'est clôturé samedi dernier, ont déploré que l'aspect commercial l'ait emporté sur la dimension professionnelle de cette manifestation. Ils ont relevé, à l'unanimité, le manque de visibilité et d'interconnexion entre éditeurs, libraires, bibliothécaires et autres acteurs du livre. «En principe, l'objectif, dans un salon, consiste à faire la promotion du livre, plutôt que d'en vendre et en faire un chiffre d'affaires», ont-ils souligné, et d'ajouter : «Un salon du livre est une librairie, non pas un marché de livres. Les éditeurs sont là pour rencontrer d'autres éditeurs en vue d'échanger des expériences et notamment autour de la cession des droits d'auteurs et de la coédition». Tous ont donc déploré l'absence d'une rencontre entre professionnels du livre. Si les professionnels algériens du livre mettent l'accent sur la nécessité de favoriser le dialogue, l'échange et le débat entre tous les professionnels algériens du livre et leurs homologues étrangers pour une meilleure approche du secteur du livre, aussi bien rentable que durable, c'est parce que «l'achat des droits et la coédition s'avère, a priori, une nécessité et ce, pour pouvoir offrir aux lecteurs algériens un large choix de produits littéraires de qualité et à des prix accessibles», ont-ils estimé. Toutefois, la question d'achat des droits d'auteurs se révèle une réelle problématique. Yacine Hannachi, des éditions Média Plus, tient à souligner qu'en l'absence d'une stratégie efficace privilégiant l'achat des droits d'auteurs «la réédition d'œuvres d'auteurs algériens éditées à l'étranger – donc l'achat des droits d'auteurs – demeure problématique.» «Les prix de vente des livres sont diminués au moins de moitié s'ils sont édités localement», a-t-il expliqué, et de préciser : «En outre, l'importation de ces œuvres constitue le principal handicap devant la cession des droits.» Yacine Hannachi regrette qu'à défaut d'une stratégie permettant de résoudre la question de la cession des droits d'auteurs, le déficit favorise systématiquement l'importation de livres et nuit, du coup, au marché du livre algérien. «Tant que l'importation est florissante, les éditeurs refuseront de céder les droits et le prix de vente du livre restera toujours aussi élevé», dit-il. Pour illustrer ses propos, Yacine Hannachi prend l'exemple de Nedjma de Kateb Yacine. «Le roman est toujours édité en France et est toujours importé en Algérie», déplore-t-il. C'est pourquoi, il propose la création d'un fonds d'aide à la cession de droits d'auteurs afin de diminuer les importations d'une part et les prix de vente des livres d'autre part. - S'exprimant sur la question, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, invitée, hier, du forum de la chaîne culturelle de la Radio algérienne, a estimé que «l'achat des droits d'auteurs algériens édités en France représente un immense problème lié étroitement au refus des éditeurs de vendre les droits de ces auteurs, symbole de l'identité littéraire algérienne». Elle a ensuite expliqué : «L'achat des droits d'auteurs des œuvres d'écrivains algériens de renom, tels que Kateb Yacine et Mohammed Dib, entre autres, sera au profit du lecteur algérien qui pourrait ainsi retrouver les classiques de la littérature algérienne dans les librairies à des prix accessibles.» Aboutir à une solution nécessite, selon la ministre, la mobilisation d'autres départements ministériels, à savoir ceux du Commerce et des Affaires étrangères, notamment, car «le secteur de la Culture ne peut, à lui seul, résoudre ce problème qui pénalise le lecteur algérien». Mme Toumi a, par ailleurs, relevé que «le refus des maisons d'éditions étrangères de vendre les droits d'auteurs concernait aussi des livres techniques et scientifiques utiles aux étudiants universitaires». Rappelons que lors de sa récente visite à Alger, Yamina Benguigui, ministre française déléguée à la Francophonie, avait déclaré vouloir «réfléchir à mettre en place des solutions techniques et financières pour permettre aux éditeurs français de céder les droits sur des auteurs algériens francophones afin que leurs œuvres puissent être éditées en Algérie». Des solutions qui, certainement, permettraient aux lecteurs algériens de retrouver leur patrimoine à des prix plus abordables.