Réflexion - De nos jours, notre monde est continuellement aux prises avec des conflits régionaux et internationaux. Partout, il y a la guerre qui, par sa nature dévastatrice, menace la stabilité des pays sur l'échiquier mondial et régional, comme elle menace ce fragile équilibre qu'est la paix. D'où la question : le théâtre pourrait-il jouer un rôle constructif de manière à réorganiser les rapports sociaux dans une perspective plus humanitaire ? «Assurément si», nous dira Acho Weyer, entrepreneur culturel et directeur du Festival international des théâtres sans frontières en Côte d'ivoire, et de poursuivre : «Le théâtre peut à plusieurs égards remplir une telle mission, puisque le texte dramatique, même quand il est mono, est un dialogue entre l'acteur et le public. Le théâtre est l'art de la communication.» Acho Weyer, pour qui cette communication suffit à créer des notes harmonieuses et pacificatrices dans un monde moderne en déficit de communication et ce, en dépit du développement prodigieux des moyens de communication a, en outre, estimé la nécessité de penser à un nouveau type de théâtre en mesure de répondre sur l'actualité. «Il faut réfléchir à un nouveau type de théâtre ou de stratégie artistique capable de réellement de jouer sur la conscience des peuples», soutient-il, et de souligner : «C'est vrai que le théâtre se joue avec ses pratiques, le public vient pour se distraire, mais au-delà de la distraction, du plaisir, le théâtre a aussi un rôle d'éducation, d'où la question, quel genre de théâtre faut-il poser au monde ? Quel genre de théâtre thérapeutique capable d'influer sur la conscience des hommes pour que la paix soit une denrée que chacun de nous pourra protéger. Parce que, comme le dit Ionesco : «les guerres naissent dans l'esprit des hommes», et c'est dans l'esprit des hommes qu'il faudrait inculquer et cultiver la paix. Il s'agit donc d'avoir un nouveau type de théâtre qui soit capable d'aller dans le sens des recommandations de Ionesco, donc capable de frapper les consciences des hommes. «A la question de savoir si le théâtre est en mesure d'apporter des solutions, Acho Weyer répondra : «Personnellement, je n'ai pas trouvé de solutions. Mais il s'agit là d'un travail collectif, d'intellectuel, un travail qui doit mobiliser toute la classe universitaire du monde, notamment d'Afrique pour trouver le remède du théâtre pour que celui-ci amène les hommes à s'approprier ce type de valeur, qu'est la paix. Parce que la paix est l'élément fondamental. «Un théâtre considéré comme un moyen de communication - celle-ci est pluridimensionnelle, puisqu'elle comprend des pratiques artistiques diverses, à savoir musique, chant, danse - en mesure de rassembler les gens et les sensibiliser sur la culture de la paix, ne sommes-nous pas là dans l'utopique ? «Je ne sais pas, mais qu'on soit dans l'utopie ou pas, je crois qu'il faut aller au-delà de cela, c'est-à-dire sortir de ces considérations pour que l'homme puisse réellement se dire qu'un homme qui lève une arme sur un autre homme, c'est le premier qui se tue», dit-il. - S'exprimant sur le théâtre ivoirien, Acho Weyer dira : «Il se porte très bien. Il y a des metteurs en scène, des dramaturges, des troupes de théâtre, il y a une dynamique de la pratique théâtrale. Et d'ajouter : «La seule chose qui nous manque, c'est la volonté politique, le soutien de l'Etat pour que les gens du théâtre puissent vivre de leur métier. Partout en Côte d'Ivoire, dans les communes, dans les quartiers, dans les villes et les villages, il y a du théâtre. Le théâtre est en chacun de nous. «Notons que la particularité du théâtre ivoirien est qu'il se pratique en langue française, le français est la langue nationale en Côte d'Ivoire malgré la soixantaine d'ethnies», précise-t-il, et d'abonder : « C'est l'Histoire qui l'a voulu ainsi. C'est lié à la colonisation. Toutefois, dans les contrées, le théâtre se joue dans la langue locale.»