Rencontre n L'évolution du champ littéraire local dépend des systèmes administratifs, universitaires et médiatiques qui maîtrisent le domaine de l'écriture en Algérie, a affirmé le chercheur académicien Meliani Hadj. L'intervenant a indiqué, lors de la première journée du colloque international «Champs littéraires et stratégies d'écrivains» ouvert, hier, mercredi, à Oran, que le système médiatique assure, à la littérature et aux écrivains, un déploiement, notamment à travers l'effort de promotion de la culture du livre et l'incitation à la lecture. «Cela fournit au système universitaire un climat et des moyens appropriés et encourageants à l'innovation», a-t-il dit. La croissance de la production littéraire «est également assujettie à un nombre de conditions fixées par le système administratif, notamment les règles d'édition et de distribution», a affirmé ce chercheur, soulignant que la bureaucratie tue l'activité littéraire. Il a, toutefois, indiqué que malgré les nombreux obstacles et défis, la production littéraire et l'écriture en général ont connu depuis 1962, une croissance considérable à travers plusieurs d'étapes. «L'écriture s'est distinguée, au cours des deux dernières décennies, par l'émergence du roman en arabe et la multiplication des travaux d'édition localement», a-t-il dit, signalant que les auteurs algériens ont publié cette année 34 nouveaux romans hors d'Algérie sur 79 publiés, contre 70 œuvres romanesques à l'étranger sur un total de 111 en l'an 2011. De son côté, le romancier algérien Wassiny Laâredj a estimé que la mondialisation de la littérature a conduit à l'éloignement des écrivains des préoccupations locales et régionales. Il a indiqué que la mondialisation de la littérature a conduit les écrivains à s'intéresser à des questions mondiales au détriment d'autres locales et régionales. Le romancier algérien considère qu'il est impératif de passer progressivement du champ littéraire local au régional puis au mondial, estimant que c'est «la bonne voie» pour les auteurs. Il a souligné également que la mondialisation littéraire a conduit à «l'émergence de textes faibles et d'une structure fragile» et, dans certains cas, «ne dénotant d'aucun effort littéraire qui réponde à des exigences spécifiques», ajoutant qu'elle (la mondialisation) a engendré aussi des phénomènes tels que le «délire littéraire et les répétitions de discours littéraires et artistiques». Il trouve également que le black-out et la censure imposée dans les pays du Sud et dans d'autres régions du monde ont amené la production littéraire à «déserter les cercles étroits vers le champ mondial». Notons que ce colloque est organisé à l'initiative du Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle d'Oran. R. C. / APS