Constat n La bande dessinée est un art à part entière. Il est aussi une forme d'expression artistique et littéraire (dessin et texte). Si la bande dessinée algérienne qui est considérée comme la doyenne du 9e art africain et arabe, a connu par le passé une effervescence sans précédent, devenant ainsi une référence incontestée en la matière, il se trouve qu'aujourd'hui elle se cherche et tente de se frayer un chemin dans le paysage éditorial algérien. En effet, elle connaît, depuis les années 1990, un recul en raison du scepticisme des éditeurs. Ces derniers hésitent effectivement à s'investir dans ce type de créneau. Parce qu'il est jugé risqué, compte tenu du coût élevé de l'impression d'albums de B.D. C'est alors que Haroun, le père de M'quidech, personnage légendaire créé à la fin des années 1960, appelle les éditeurs à se montrer plus disponibles envers les bédéistes. «Les éditeurs doivent être à l'écoute des jeunes bédéistes afin d'éviter la déperdition de talents dont certains ont dû abandonner leur vocation première pour se lancer dans la caricature de presse», dit-il. De son côté, Mahfoud Aïder, alias Aladin, estime que «la seule avancée notable du 9e art en Algérie est l'implication des éditeurs – ils sont plus de deux cents actuellement – dans la promotion et la vulgarisation de la bande dessinée. Il faut qu'ils s'investissent davantage dans l'édition de la B.D afin d'assurer l'ancrage de cet art dans le champ éditorial». Djilali Beskri, producteur et réalisateur de films d'animation et ancien bédéiste, souligne que «l'édition de la B.D en Algérie n'est pas encore une tradition bien installée, alors même qu'elle vient en complément à l'école, au service de l'apprentissage des langues et du développement de l'imaginaire de l'enfant». Le jeune bédéiste Saïd Sabaou qui en est déjà à son quatrième album Le prix de la liberté, estime, pour sa part, que la BD algérienne est en train de renaître de ses cendres et que la communauté de bédéistes audacieux et talentueux s'agrandit d'année en année. » En effet, la bande dessinée en Algérie est en train d'évoluer et beaucoup de jeunes s'intéressent à cet art, qu'ils soient dessinateurs ou passionnés. Aujourd'hui la communauté de bédéistes s'agrandit et les initiatives éditoriales se multiplient d'année en année. S'il y a quelques années, seules deux maisons d'édition assuraient la publication d'albums et, donc, la promotion du 9e art, il se trouve qu'aujourd'hui, ce nombre s'est nettement multiplié. L'on est à une dizaine d'éditeurs soucieux d'apporter leur soutien aux jeunes talents et, du coup, relancer la bande dessinée en Algérie. Monstres et Waratha sont deux ouvrages collectifs illustrant la jeune génération de bédéistes algériens. Ces deux ouvrages témoignent du travail audacieux et talentueux de ces derniers tant sur le plan de la forme que du scénario. Les jeunes auteurs s'affirment comme tels. Et leurs créations en sont, à coup sûr, une évidence. Yacine Idjer