Démonstration - Le Festival international de danse contemporaine se poursuit, dans sa 4e édition, avec le défilé des compagnies participantes. La soirée d'hier, samedi, a été marquée par l'entrée en scène de la compagnie de la Maison de la culture de Aïn Defla pour présenter Fraternité, une performance se disant essentiellement en mouvement, et ce, pour illustrer toute la tendresse, l'intimité, la beauté du corps. Ce corps qui se meut avec une aisance lente, nonchalante. Le geste est langoureux, traduisant, en filigrane, une lascivité qui, par séquences, apparaît musclée, virile. Virilité du corps, tendresse, indolence du mouvement, le tout s'exprime dans un langage ouaté. L'écriture chorégraphique est linéaire, coordonnée ; et dans ce langage où s'associent dans une correspondance modérée, expression corporelle et mise en scène de cette expression, il y a des moments d'étincelles, de sursaut, de rupture afin de renouveler le mouvement. Le corps est converti en une forme anonyme, en une entité qui se fraie un chemin dans l'espace où elle évolue, espace qu'elle s'approprie pour en faire sien. Le jeu évolue dans une ambiance feutrée, dans une semi-obscurité. Cela donne à l'ensemble de l'expression corporelle de la texture, celle-ci est onctueuse, moelleuse, charnelle. Après Aïn Defla, donc l'Algérie, direction la Hongrie avec la compagnie Adam Zambrzicky Zadam. L'intitulé de la pièce présentée par cette dernière s'appelle Profil, et elle raconte les nouvelles technologies – notamment l'univers virtuel Internet et son réseau social Facebook – et leur place dans la vie quotidienne de l'homme. Toute la chorégraphie s'organise et prend tout son sens autour du laptop ; celui-ci devient d'emblée un élément scénique et autour duquel viennent graviter, se greffer les trois danseurs pour décrire toute la proportion du jeu. Celui-ci revêt une mise en scène large et ouverte, donc expansive et qui est renforcée par une scénographie certes stylée mais pertinente, métaphorique. La chorégraphie dans laquelle les danseurs se sont illustrés est une écriture expérimentale du langage corporel, puisque le corps se fond et se confond à l'ordinateur et à ses référents. Il est étroitement combiné aux nouveaux vocabulaires, ceux des nouvelles technologies. De la Hongrie, cap sur le Venezuela avec deux performances, Visage ou crois et El Cambote de la compagnie Fundacion compania nacional de danza. Ce sont deux danses inspirées des danses traditionnelles et renouvelées dans un registre contemporain. En effet, les danses traditionnelles sont transfigurées pour renaître autrement. L'on assiste à une complète recréation du mouvement. Le pas est renouvelé dans un esprit proprement contemporain. Les interprètes mettent l'accent sur le corps en rapport avec l'espace. Le corps animé, fait de force et d'énergie, est affranchi de tout dans un jeu gai, naturel, vrai, inspiré. Le jeu, prenant authentique et universel, comporte de l'exubérance, de la spontanéité ; il y a surtout de l'exaltation du corps. L'on est transporté avec ce corps en mouvement continu dans un envol lyrique. La compagnie Orient et dance theater (Palestine) clôture cette troisième soirée du Festival international de la danse contemporaine avec une belle performance ayant pour titre Au-delà du mur. C'est une pièce exécutée en solo et qui comporte plusieurs référents. Dans un décor constitué d'un rideau et d'un champ de foin, le danseur a présenté une chorégraphie basée sur des déplacements confinés dans un espace réduit, jouant essentiellement sur la tension des muscles et une gestuelle mimant la lamentation. Une danse évoquant la tragédie d'un peuple sous le joug de l'oppression, servie par une musique où les sonorités profondes du luth accentuent le côté poignant du spectacle. La scénographie permet au chorégraphe, debout derrière le rideau, de clôturer son spectacle par une note d'espoir à travers une ombre grandissant jusqu'à dépasser le mur, métaphorisant ainsi un affranchissement possible.