Enquête - Nous avons effectué une virée aux cités AADL de Aïn Naâdja, de Birtouta, de Bouzaréah, d'Ouled Fayet, de Boumerdès et de Zemmouri. Une décennie après leur lancement, de nombreux chantiers AADL demeurent désespérément inachevés. Quant aux projets déjà réceptionnés, certains vieillissent mal malgré leur jeune âge. Depuis leur livraison, de nombreuses cités réalisées par l'Agence nationale de développement du logement (AADL) se débattent dans des difficultés liées à l'absence d'entretien du bâti, une défaillance de la maintenance des ascenseurs ou tout simplement à la dégradation du cadre de vie. Moins de huit ans après l'emménagement de ses premiers habitants, en 2004, la cité des 558-Logements dans la commune d'Ouled Fayet, enregistre des dégradations multiples. «Les murs des halls d'entrées et les cages d'escaliers sont crasseux, grattés à plusieurs endroits», raconte un habitant très remonté contre les responsables de l'AADL qui «n'ont jamais repeint la cité». L'habitant ne dédouane pas pour autant l'ensemble des résidents de la cité. «Certes, il y a l'incivilité de certains voisins, mais cela ne justifie pas la démission de l'AADL car nous payons des charges conséquentes», poursuit-il. Des charges élevées que, pour rappel, l'ancien ministre de l'Habitat, Noureddine Moussa, justifiait par la nécessité d'un rafraîchissement des sites tous les cinq ans. Mais, la réalité est autre, les peintures disparaissent et laissent apparaître le béton brut. Autre problème récurrent dans les résidences AADL : les pannes d'ascenseurs comme en témoigne également notre interlocuteur. «J'habite dans un immeuble disposant de deux ascenseurs. Mais, rares sont les jours où les deux fonctionnent. On attend toujours que les deux appareils soient en panne pour que les techniciens viennent les réparer en même temps», explique-t-il. «Mais c'est souvent à nos frais que le travail se fait.» Devant la répétition des pannes d'ascenseurs et leurs répercussions évidentes sur la vie des personnes âgées ou des malades nécessitant des déplacements fréquents chez le médecin, les problèmes de minuteries défaillantes ou encore d'ampoules «jamais remplacées» dans les parties communes, semblent dérisoires. A la cité AADL de Aïn Naâdja les habitants vivent les mêmes problèmes que leurs concitoyens d'Ouled Fayet. Comme cet habitant qui se plaint de l'installation d'un bureau AADL au rez-de-chaussée de son immeuble. «Cela génère des va-et-vient incessants des employés, toute la journée. La porte de l'immeuble ne se ferme plus exposant donc nos appartements aux vols», craint-elle. Pourtant, «ce sont les habitants qui avaient cotisé pour installer une porte métallique, en remplacement de la porte d'origine qui était en bois afin de renforcer la sécurité dans l'immeuble». Outrés par cette situation, les habitants se sont plaints à la direction de l'AADL exigeant une entrée indépendante pour son bureau «comme c'est le cas dans un autre immeuble de la cité». Une demande restée sans suite. «Le château d'eau n'a jamais fonctionné» Parmi les autres «anomalies» signalées : le château d'eau réalisé en même temps que la cité, n'a jamais fonctionné. «L'alimentation en eau est assurée par des suppresseurs. Il arrive qu'ils tombent en panne ou qu'une coupure d'électricité survienne pour que tout le site soit privé d'eau potable.» Quant aux locaux commerciaux prévus au rez-de-chaussée de certains immeubles, beaucoup ne sont toujours pas exploités. Dans certains cas, ils se sont transformés en «décharges sauvages» ou encore en «lieu de regroupement de jeunes et de consommation de drogue», selon une habitante de la cité AADL à Ouled Fayet.