Protestation La colère citoyenne est de retour après une trêve qui n?aura duré que le temps d?une campagne électorale. Les images de pneus brûlés, de troncs d?arbre par terre bloquant la voie à la circulation, de jeunes exhibant des barres de fer, jetant des projectiles et vociférant insultes à l?encontre des élus locaux coupables, à leurs yeux, d?incompétence, sont revenues, ces derniers jours, sur le devant de la scène. Hogra, marginalisation et problèmes sociaux constituent le lit de la contestation. Ces raisons ont, encore une fois, poussé les gens à investir la rue pour exprimer violemment leur désarroi. Le coup d?envoi a été donné, cette fois-ci, à Khenchela où des jeunes, chauffés à blanc, ont donné libre cours à leur colère. Tout a commencé mercredi dernier vers 22h, quand des jeunes ont accompagné un gamin à l?hôpital de la ville où des soins devaient lui être prodigués. L?absence d?un médecin pédiatre dans le service a été la goutte de trop. Cela a fait monter la colère des jeunes. Voyant que les responsables ne pouvaient pas accéder à leur v?u, les jeunes s?en sont pris au matériel du service des urgences pour déverser ensuite leur colère sur le policier assurant la permanence. Le même soir dans la commune d?Ouled Rachrache, des jeunes ont fait parler la poudre. Ces derniers, vivant dans des conditions déplorables, ont tenu à dénoncer une affaire de détournement d?une somme débloquée par l?Union européenne en faveur des régions déshéritées. Info ou intox ? Certaines sources préfèrent parler de manipulation, «puisque des tracts ont été distribués avant le déclenchement de l?émeute faisant état du détournement de cette manne financière». Une colère qui a causé des dégâts matériels après que les jeunes de cette localité eurent tenté d?investir le siège de la mairie avant de changer subitement d?avis pour se diriger vers le siège de la Sûreté nationale. Les services de l?ordre avaient cependant arrêté le lendemain 23 personnes soupçonnées d?être partie prenante de cette razzia. 20 sont en état d?arrêt provisoire, tandis que trois mineurs ont été libérés. A Bordj Bou-Arréridj, des dizaines de chômeurs se sont rassemblés jeudi dernier à 10h 30 près de la zone industrielle sur l?axe routier reliant la ville de Bordj Bou-Arréridj à M?sila bloquant la route avec des troncs d?arbre et des pneus brûlés. Une émission diffusée sur la chaîne de télévision nationale a été à l?origine de cette colère. Un investisseur issu de la région a eu l?indélicatesse d?accuser les jeunes de sa ville natale de «ne pas faire d?efforts pour trouver du boulot». Touchés dans leur amour-propre, ces jeunes, qui se débattent dans un chômage suffocant, ont tenté de s?en prendre à l?entrepreneur. Etant absent, il échappera ainsi à la vindicte populaire. En effet, voulant des explications, les jeunes se sont dirigés vers son domicile. Toutefois après l?intervention des services de l?ordre et celle de quelques sages, le calme est revenu dans la région. Ainsi, en l?espace d?un week-end, la rue a renoué avec la protestation populaire, devenue le dernier lieu pour exprimer sa détresse quotidienne ; d?autres émeutes ont marqué le week-end dernier dans les villes pourtant réputées paisibles d?Adrar, de Khenchela et Djelfa. Cette fois, c?est le sempiternel problème du logement qui refait surface.