Confession - Sofiane Drissi est un jeune danseur. Il fait partie du ballet national depuis bientôt dix ans. Sofiane Drissi a remporté le prix du jury lors de la 4e édition du festival international de la danse contemporaine (du 15 au 22 novembre). Il a été distingué pour sa pièce, ‘Ambivalence', qu'il a lui-même, chorégraphiée. «Je suis danseur, et c'est la première fois que j'écris une chorégraphie.» «Je ne suis pas chorégraphe, mais les circonstances ont voulu que je compose une performance. Je suis très content d'avoir obtenu un prix. Ce qui m'a fait vraiment plaisir, ce n'est pas le fait d'avoir un prix, mais que mon travail a plu. C'est plus une reconnaissance qu'autre chose.» «L'inspiration m'est venue suite à un moment de déprime, j'ai arrêté donc la danse, puis deux potes à moi m'ont encouragé à reprendre la danse, en m'incitant à me présenter au festival. J'ai alors pensé à composer une chorégraphie», confie-t-il. Sofiane Drissi s'est appuyé sur un texte du Palestinien Mahmoud Youcef Chahata pour dire l'ambivalence qui l'anime. «C'est une expérience très dure, mais formidable et sensationnelle. J'ai préparé le spectacle en un mois. J'étais déprimé. Je suis allé voir Mahmoud Chahata et je lui ai parlé de ma situation. Il m'a écrit le texte. J'ai reproduit ce que je ressentais», souligne-t-il. ‘Ambivalence' est une écriture chorégraphique intimiste, basée essentiellement sur l'émotion, elle en est d'ailleurs pétrie. S'exprimant sur le contenu de son travail, Sofiane Drissi dira : «‘Ambivalence' traduit les préoccupations de l'homme. L'homme est sujet, durant son existence, à des antagonismes, il est en contradiction avec lui-même, il y a de l'ambiguïté dans sa personne, et il vit cette ambivalence dans une situation conflictuelle. L'individu est toujours en conflit avec sa personne. Il est habité par une dualité lancinante et déchirante. En d'autres termes, il vit un combat intérieur. Il est écartelé, d'un côté, par la raison, la conscience, et, de l'autre, par le cœur, l'émotion. Il y a aussi l'envie, c'est-à-dire le désir de faire ou de ne pas faire, de satisfaire une envie persistante, troublante, douloureuse. L'envie, elle est forte. Elle est au-dessus de tout. C'est elle qui dicte notre conduite, nous impose le chemin à prendre.» Ainsi, «on est partagé entre la conscience, le cœur et l'envie. Dans la vie, on est presque en conflit avec ces trois éléments. Au final, il n'y aucune victoire. Moi, je n'ai pas encore trouvé l'équilibre. " - Interrogé sur ce que la danse – notamment la danse contemporaine – représente pour lui, Sofiane Drissi répondra : «Tout d'abord une passion. C'est quelque chose de formidable. On arrive à exprimer des émotions à travers le mouvement, à dégager des expressions en jouant du corps. C'est magnifique.» Pour lui, l'expression corporelle est un langage idoine pour s'extérioriser, voire se défouler. Il permet d'exprimer un non-dit, l'inavoué, ce que l'on ne peut dire ou traduire en mots. «Avec la danse, on arrive à concilier le cœur et l'esprit, l'envie et la retenue, à surmonter le conflit entre le rationnel et l'irrationnel, donc à trouver un équilibre moral, émotionnel et existentiel», explique-t-il. Il se trouve cependant que cet équilibre en tant que tel, n'existe que l'instant d'une représentation, c'est-à-dire au moment où le corps se met en mouvement, en orbite dans l'espace scénique. Enfin, au Ballet national algérien, Sofiane Drissi travaille dur. «On s'entraîne chaque jour. Nous avons énormément envie de développer la danse contemporaine. Nous sommes là pour cela. Je voudrais bien renouveler cette expérience si j'en avais les moyens», conclut-il.