La belle performance du Ballet national algérien Une transe aux bruits sourds du conflit sévissant entre des symboles de tradition et de modernité et de s'affranchir des féroces oppositions entre des corps aux désirs pourtant semblables. Les compagnies Anania du Maroc, le Ballet national algérien, Akrim Créations du Congo et la compagnie égyptienne de la danse théâtrale moderne ont investi ce lundi, dans le cadre du 4e Festival international de la danse contemporaine, le Palais de la culture avec diverses approches et rythmes, faisant appel à l'intensité jusqu'aux forces tranquilles du corps. C'est sous des pulsions électriques et des robes rouges que la première compagnie de danse contemporaine au Maroc a fait son entrée en scène. Du James Brown et du gumbri ont tinté l'ambiance avec des électrons libres qui représentent Anania, une formation que Taoufiq Izeddio, fondateur de la troupe qualifie de «sauvage». Effectivement, on ne saurait contredire le très talentueux danseur et amateur de gnawi et de jazz sur l'énergie électrique que déploie sa troupe à travers les chorégraphies de Bouchra Ouizguen et Saïd Aït El Moumen, à l'affût et sous une tension permanente. Une incantation, une transe aux bruits sourds du conflit sévissant entre des symboles de tradition et de modernité et dune tentative de s'affranchir des féroces oppositions entre des corps aux désirs pourtant semblables. «Une conciliation» qui ne peut s'évertuer à se faire qu'à travers la danse selon le chorégraphe engagé Taoufiq Izzeddio qui a permis à travers son spectacle de partager une émotion intense et une entrée des plus vibrantes en la matière. Ce fut ensuite au tour du Ballet national algérien sous le signe de «l'ambivalence» de illustrer dans un registre plus calme et plus académique. Néanmoins, en subjuguant et en charmant le public à l'aide d'une prestation intense et magique, unifiant dans son ensemble une large partition traditionnelle et contemporaine. Le Ballet national représenté par trois chorégraphes dont l'édifiant Sofiane Drissi et une femme représentant «l'envie» selon ce dernier, dans un duel shakespearien «Siraou El Dhat», soit, un combat entre le coeur et la raison. Les chorégraphes algériens se sont donnés entièrement à la scène au plus grand plaisir de leur public. Quant aux boys de la compagnie Akrim Créations venu du Congo, ils ont rythmé le hochement de tête des spectateurs en jouant d'un instrument africain des plus ensorcelants, le légendaire kora ou la harpe-luth mandingue. La troupe a exécuté ses danses dans une parfaite maîtrise de styles variés et des rythmes pour le moins secouants. «Cocktail Energie» est la troisième oeuvre concoctée par la troupe que le jeune et brillant chorégraphe Akim Nsimba Makusu, diplômé en art dramatique, dirige avec une longue expérience dans le domaine, notamment sous la houlette de la section danse (Ballet national) de la compagnie Théâtre national de la République démocratique du Congo. Le spectacle «Cocktail Energie» a tenu ses promesses en faisant voltiger ses mouvements à travers des danses tribales et toute une discipline de danse africaine. Enfin, Walid Aouni, directeur artistique de la compagnie égyptienne de la danse théâtrale moderne nous a plongés dans la pénombre avec un titre pour le moins intriguant «Plus profond qu'il n'y paraît». La troupe sest exprimée dans une approche plus intime aidée par une mise en scène envoûtante» qui a fait vaciller le public présent au Palais de la culture Moufdi-Zakaria. Le spectacle s'est déroulé à l'ombre d'une narration qui a soutenu pendant la pièce, une ambiance aux évocations menaçantes et tantôt triomphales, accompagnant des mouvements félins et des gestes onduleux.