Les séquelles du manque d'enseignants de langues étrangères et de mathématiques ne se limitent pas aux trois paliers de l'Education nationale. Une «bonne» partie des élèves parviennent quand-même à réussir dans les épreuves du baccalauréat, en dépit de cette lacune, mais ils sont incapables d'opter pour des filières scientifiques ou techniques à l'université. Car la maîtrise des langues étrangères est indispensable pour poursuivre ces études. Aujourd'hui, les bacheliers issus des régions de l'intérieur et du sud du pays sont contraints de poursuivre leurs cursus universitaires dans les filières où les études sont dispensées en langue arabe (droit, histoire, littérature arabe, philosophie, etc.). Le rêve de nombre d'entre eux d'être médecins, architectes ou ingénieurs est ainsi brisé à cause de l'absence de l'enseignement de langues étrangères à l'école primaire, au CEM et au lycée. «Il suffit de voir le manque énorme de médecins dans les régions du sud du pays pour comprendre l'effet dévastateur de ce manque en enseignants de langues étrangères. Et la situation risque encore de s'aggraver à l'avenir. Il y a aussi ces chômeurs des wilayas de Laghouat et de Ouargla qui réclament des postes d'emploi au sein des sociétés pétrolières à Hassi R'mel et Hassi Messaoud. La faute n'incombe pas à ces chômeurs diplômés d'universités, ni aux entreprises qui ont besoin de travailleurs maîtrisant les langues étrangères. C'est la responsabilité du ministère de l'Education nationale», explique Aâmi Mokrane, retraité de l'enseignement supérieur. Hamid, 22 ans, issu de la localité de Aïn L'bel (Djelfa), assiste impuissant face à un rêve impossible à réaliser. «J'ai toujours souhaité être médecin spécialiste en cardiologie. Je me suis inscrit à la faculté de médecine de Blida, mais j'ai été contraint de changer de spécialité dès la première année, car les études sont en français. Je ne pardonnerai jamais aux responsables de l'Education nationale qui ont brisé mon rêve le plus cher», déplore ce jeune étudiant, qui prépare actuellement une licence en sociologie à l'université d'Alger.