"Les �tudes ayant trait aux langues et cultures populaires en Alg�rie ont longtemps �t� frapp�es d�interdits sous divers pr�textes li�s aux �tapes historiques que notre pays a travers�es. Par moments, c��taient des consid�rations d�ordre tactique qui �taient invoqu�es ou des consid�rations li�es � �l�unit� nationale menac�e� ou la diversion par rapport � la r�alisation prioritaire d�un projet socio�conomique.� C�est ainsi que M. Abderrezak Dourari, professeur des sciences du langage, d�partement traduction, universit� d�Alger, a identifi� le malaise linguistique et identitaire en Alg�rie, dans l�un de ses ouvrages Les malaises de la soci�t� alg�rienne. Crise de langues et crise d�identit�, paru aux �ditions Casbah, en 2004. Dans cet entretien, ce chercheur, titulaire d�un doctorat d�Etat en linguistique de l�universit� de la Sorbonne, revient sur la probl�matique de l�enseignement des langues �trang�res en Alg�rie, mais surtout touche du doigt le mal � l�origine de la difficult� des Alg�riens � se familiariser avec les langues. M. Dourari explique comment et pourquoi l�Alg�rien ne ma�trise aucune langue correctement, malgr� ses dispositions linguistiques. Le Soir d�Alg�rie : Qu�est-ce que signifie la langue pour celui qui la v�hicule et quel est le rapport entre les deux ? En essayant de r�pondre � cette question, ce sont d�autres interrogations qui se posent. C�est quoi exactement la langue de l�Alg�rien ? Ce n�est pas que je ne trouve pas de r�ponse, mais la situation linguistique en Alg�rie est caract�ris�e par un brouillage de rep�res, notamment depuis la mise en �uvre, d�but des ann�es 1970, de la politique d�arabisation. Le pouvoir politique a, en effet, voulu imposer � la population un type de �langue officielle�, qui est l�arabe classique, que moi j�appellerai �l�arabe scolaire�. La confusion est telle que la langue officielle est celle impos�e par l�Etat et du fait diffus�e � l��cole. L�Alg�rien parle-t-il une langue particuli�re ? Si on revient � la langue de l�Alg�rien. Je dirais que ce sont les langues maternelles. Celles-ci sont partag�es en deux vari�t�s : l�arabe alg�rien, qui est un arabe commun � tous les Alg�riens et aux pays du Maghreb en g�n�ral. Son usage remonte au XIIIe si�cle. 90% des populations du Maghreb utilisent cette langue, avec ses composants ph�nicien, arabe et berb�re. La deuxi�me vari�t� est le tamazight, qui, � son tour, est compos� de plusieurs sous-vari�t�s, le kabyle, le chaoui, le mozabite et le tergui. Ainsi, l�Alg�rien na�t dans une de ces vari�t�s ou sous-vari�t�s. A un moment de sa vie, � un �ge pr�coce, il est confront� � une ou plusieurs des autres vari�t�s. D�ailleurs, les recherches et les �tudes ont confirm� qu�il n�existe pas en Alg�rie une zone monolingue. Je r�sume cela en disant que l�arabe alg�rien est une langue v�hiculaire et les vari�t�s natives sont des langues vernaculaires (dialectales). A partir de quel moment on peut faire la diff�rence entre ces deux vari�t�s ? L�Alg�rien pratique l�arabe v�hiculaire � partir de l��cole. C�est le moment o� il confronte sa langue de naissance � celle de tous les Alg�riens, la langue officielle. Cependant, il est important de mettre l�accent sur une troisi�me langue qui est aussi la premi�re langue �trang�re en Alg�rie, le fran�ais en l�occurrence. Car m�me si dans la politique d�arabisation, celle-ci a �t� largement n�glig�e et d�laiss�e, elle reste une langue pr�sente dans la soci�t� et dans la vie de l�enfant d�s ses premi�res ann�es. Selon vous, � quel degr� l�Alg�rien ma�trise- t-il sa langue ? L�Alg�rien ma�trise ses langues maternelles qui sont les langues de l�affection, de l��motion et de l�expression. Il ma�trise aussi les langues de l��cole : l�arabe scolaire et le fran�ais. Malheureusement, ces derni�res ann�es ont enregistr� une grande faillite dans le niveau de ma�trise des langues. Celui-ci a commenc� � chuter � partir des ann�es 80. La ma�trise de la langue d�pend des m�thodes p�dagogiques d�enseignement et des manuels scolaires. Or, l�arabe scolaire a r�gress� consid�rablement ces derni�res ann�es et ce, pour deux raisons. La premi�re est due � l�application des m�thodes didactiques, employ�es dans l�enseignement et qui font croire que la langue enseign�e est la langue maternelle, alors que c�est faux. Elle n�est pas celle de tous les Alg�riens. D�ailleurs, l�arabe �tait mieux ma�tris� lorsqu�il a �t� enseign� dans les lyc�es franco-musulmans. La seconde raison de la r�gression de la langue scolaire est celle du contenu p�dagogique des programmes d�enseignement. En fait, la politique d�arabisation ne visait pas l�enseignement de la langue arabe, ni la diffusion de celle-ci, mais plut�t la diffusion des id�es conservatrices, une id�ologie. Cette derni�re a caus� beaucoup de tort � la ma�trise de cette langue. Je vais illustrer mon analyse en disant qu�� force d�aimer une langue, on finit par l��touffer. Cette politique n�a pas servi la langue arabe, car elle n�a pas s�par� la p�dagogie de l�id�ologie conservatrice. Que faut-il faire dans cette situation ? La langue arabe a besoin d��tre revaloris�e. Elle a besoin d�une v�ritable r�forme sur le plan du contenu et des m�thodes d�enseignement afin de la rattacher � la modernit�. C�est l�objectif des r�formes entam�es par le minist�re de l�Education nationale� De quelles r�formes parlez- vous ? La commission Benzaghou pour la r�forme du syst�me �ducatif a �tabli des recommandations dont nous ne connaissons pas le sort. Elles n�ont jamais �t� publi�es, pourtant elles font le constat que je vous expose aujourd�hui sur la langue arabe et les langues �trang�res en Alg�rie. Jusqu�� aujourd�hui, le syst�me �ducatif refuse d�adapter les nouvelles m�thodes d�enseignement. Ce qui se fait actuellement ne refl�te pas une vraie r�forme. Ce sont des changements techniques qui ne touchent pas le fond du probl�me. L�autre v�rit� c�est que le minist�re de l�Education n�a pas les moyens humains de sa politique. Pas de chercheurs capables de fournir des programmes d�enseignement qui s�adaptent aux besoins de la soci�t� alg�rienne, dans sa pluralit� linguistique. En finale, l�Alg�rien ne ma�trise pas sa langue... H�las, les �tudiants ne ma�trisent aucune langue. Mon exp�rience dans le d�partement de traduction me confirme cela. M�me dans l��cole doctorale, les �tudiants n�arrivent pas � bien ma�triser les langues �trang�res. Et la langue fran�aise ? Concernant la premi�re langue �trang�re, le fran�ais en l�occurrence, avec laquelle nous sommes familiaris�s, elle a souffert �galement de la politique de marginalisation. Au lieu de valoriser cet acquis, nos responsables ont essay� de le briser. Pourtant, cette langue est bien un moyen de s�ouvrir � la science et au savoir. Or, cette attitude conservatrice et id�ologique a fait qu�on a pass� le temps � s�attaquer � tout ce qui ne rentre pas dans cette id�ologie. La consid�rant comme la langue du colonisateur, les conservateurs ont utilis� ce faux argumentaire pour marginaliser le fran�ais, une langue utilis�e par ailleurs par l��lite comme un instrument de guerre. La preuve est que tous les textes publi�s pendant la guerre de Lib�ration sont dans la langue fran�aise. Les dirigeants de la r�volution alg�rienne sont tous des francisants. Il faudra �galement rappeler que le mouvement des oul�mas n�a rejoint la r�volution qu�en 1956. Reconnaissant que la langue fran�aise est celle qui a v�hicul� l�id�ologie des droits de l�homme, de la libert� et de la d�mocratie. Les premiers partis nationalistes ont �t� constitu�s � partir de l�immigration alg�rienne en France, form�s par des partis politiques de ce pays colonisateur. Il faut pr�ciser qu�il n�existe aucun lien entre la langue fran�aise et l�id�ologie colonialiste. Quel est le lien entre l�Alg�rien et cette langue ? La langue fran�aise, du fait de son lien historique � l�Alg�rie, reste la langue �trang�re la mieux ma�tris�e. Sa capacit� � v�hiculer le savoir lui donne une place privil�gi�e dans notre soci�t� et dans notre �cole. On doit la consid�rer comme un atout, un avantage. Mais le contenu conservateur de la politique d�arabisation a fait que cette langue est rest�e � la marge. Vers la fin des ann�es 1980, le minist�re de l�Education nationale a mis en retraite des enseignants de la langue fran�aise les plus performants. Aujourd�hui, ce m�me minist�re se plaint du manque d�enseignants et de ce fait il a eu recours � des professeurs dans les diff�rentes langues arabe, anglaise et espagnole pour dispenser les cours de fran�ais. C�est une erreur et on comprend pourquoi nos enfants ne ma�trisent plus cette langue. Ajouter � cela les attitudes id�ologiques et les m�thodes didactiques choisies dans l�enseignement de cette langue qui ont fait qu�elle n�a pas �t� respect�e en tant que langue �trang�re. Quelles sont les dispositions des Alg�riens dans l�apprentissage des langues ? Un enfant est fait pour ma�triser plusieurs langues. Les neurologues le disent. Car il a, � un �ge tr�s pr�coce, une plasticit� du cerveau qui le dispose � avoir des connaissances linguistiques tr�s larges. Cependant la ma�trise des langues chez les enfants est conditionn�e par les comp�tences des enseignants. Ce qui est aussi bon � savoir, c�est l�importance d�enseigner � l�enfant, d�s ses premi�res ann�es de l��cole, sa langue natale. Cela le rassure et le rend plus dispos� � s�ouvrir aux autres langues. Si on b�tit la ma�trise des autres langues sur la langue maternelle, tout enfant est capable de ma�triser parfaitement au moins cinq langues, sans confusion. Il est important que l�enfant ne se sente pas agress� dans sa langue et qu�il a le sentiment de se d�barrasser de sa langue maternelle. Cependant, il est � pr�ciser que m�me nos gouvernants ne ma�trisent pas la langue arabe. Alors qu�attendre d�un enfant ? Y a-t-il un d�calage entre les langues �crites et parl�es ? La situation est dramatique, pour l�arabe, le tamazight et aussi pour les langues �trang�res. Fondamentalement la langue est parl�e avant d��tre �crite. D�ailleurs les tentatives de certains pays de r�former l��crit ont �chou�. La langue n�est jamais pure, c�est comme la race. Toutes les langues sont m�tiss�es. Il n� y a pas d�antagonisme entre le parl� et l��crit. Parlant de notre pays, il est plus que n�cessaire de r�former l�arabe scolaire et le tamazight. Des �coles de formation en langues constatent que les Alg�riens ont des difficult�s � apprendre les langues et sont tr�s lents� Ce n�est pas vrai. Les Alg�riens r�agissent selon les besoins. C�est la n�cessit� de la langue qui d�cide de son apprentissage, sa fonctionnalit�. Ce n�est pas sp�cial � l�Alg�rie, dans tous les pays, les langues sont pratiqu�es selon le degr� de leur utilisation et pour aucune autre raison. Aujourd�hui, avec l�ouverture �conomique, l�Alg�rie s�est bien rendu compte de la n�cessit� de s�ouvrir aux langues �trang�res, le fran�ais, l�anglais, le chinois et autres. C�est un besoin utile et pressant. Comment y parvenir, dans ce cas ? Les r�solutions de la commission Benzaghou portent toutes les r�formes n�cessaires. L�urgence est de mener, sans attendre, les v�ritables r�formes. Celles-ci exigent une tr�s forte coop�ration avec les universit�s �trang�res. Il n�y a pas de raison qu�en Egypte, au Kowe�t, en Jordanie, au Maroc et en Tunisie, cette coop�ration est tr�s privil�gi�e et que nous h�sitons encore � le faire. Il faut savoir que c�est le seul moyen pour r�habiliter les langues en Alg�rie, sinon c�est toute l��lite qui dispara�t dans notre pays. Les pr�mices de cette disparition sont d�j� l�. Rosa Mansouri L'ALG�RIEN FACE AUX LANGUES �TRANG�RES "J'apprendrais... si c'est n�cessaire" �Vous voulez apprendre l�anglais international et avoir un certificat ou dipl�me de l�universit� de Cambridge UK ? L��cole X vous propose des cours sp�cialis�s, selon m�thode audiovisuelle�, �Ecole... propose des formations en langues : anglais, fran�ais, espagnol, allemand, cours intensifi�s pendant l��t�. Cours du soir disponible...� Ce sont le genre d�annonces qui reviennent toute l�ann�e sur les pages publicitaires des journaux. L�apprentissage des langues �trang�res est d�sormais � la port�e de tout un chacun. Les Alg�riens, tr�s nombreux � s�ouvrir aux langues, trouvent dans ces annonces l�embarras du choix, de la qualit� et surtout des prix comp�titifs, m�me si cela reste au-dessus des moyens des larges couches sociales. Beaucoup de personnes sont oblig�es effectivement de revoir leurs d�penses diverses pour y int�grer ce budget n�cessaire � l�acquisition d�un nouveau savoir. Le font-ils par plaisir ou par contrainte ? Amel, 35 ans, est employ�e dans une multinationale. Depuis une ann�e, elle suit des cours d�anglais dans une �cole priv�e de formation, afin d�am�liorer la ma�trise de cette langue, qu�elle conna�t d�j� parfaitement. �Je parle bien, certes, mais je continue � apprendre l�anglais commercial et professionnel.� L�avenir de Amel se joue sur cette formation en langue. Motiv�e par son travail, cette jeune femme esp�re convertir ses comp�tences acquises dans la langue fran�aise � celle de la langue de son employeur. G�rer sa carri�re, c�est l� son objectif principal. Hakim, lui est �tudiant en polytechnique. Ayant suivi son cursus scolaire en arabe, il a des difficult�s aujourd�hui � l�universit� de saisir ses cours dispens�s en fran�ais. La t�che devient de plus en plus difficile pour lui qui vient d�une petite bourgade de l�int�rieur du pays. �Prendre des cours de fran�ais est la seule solution pour moi pour ne pas perdre mes ann�es � l�universit�, dit-il, d�sol� de constater que finalement les notes brillantes en langues, qu�il avait l�habitude d�obtenir au lyc�e, ne l�ont pas autant servi pour le reste de ses �tudes. �C�est diff�rent, l�enjeu maintenant est de comprendre les concepts et avec pr�cision�, dit-il. Il est convaincu cependant que cette contrainte d�apprendre le fran�ais lui a positivement ouvert d�autres portes vers la litt�rature. Les langues pour appuyer les projets de l�avenir Au niveau des �coles de formation, le constat est aussi le m�me. L�int�r�t pour les langues est intimement li� au besoin de parler une langue quelconque. Travaillant en collaboration avec l�Union des �tudiants alg�riens, Mix Club est une �cole de formation en langues �trang�res. Ses bancs ne d�semplissent pas tout au long de l�ann�e universitaire. Si l�anglais est fortement demand�, le fran�ais reste l�enseignement fort de cet �tablissement. En majorit�, ce sont des nouveaux bacheliers, qui arrivent � l�universit� avec un niveau faible dans cette langue, qui s�y inscrivent. �L�anglais est plut�t r�serv� aux cadres, aux m�decins, agents commerciaux et aux universitaires�, nous a confirm� M. Na�ouri, directeur de l��cole. Selon lui, les autres langues comme l�italien, l�allemand et l�espagnol ne repr�sentent que 1% de la demande en formation. L��cole a tent�, par ailleurs, de donner des cours d�arabe, mais l�exp�rience a �chou�. A la question de savoir si les demandes sont fortes, notre interlocuteur fait signaler qu�une seule session est compos�e de 750 � 1 000 �tudiants pour l�anglais et le fran�ais, sachant qu�il existe cinq sessions dans l�ann�e. Mais les �tudiants vont-ils au bout de cette formation ? Ont-ils la volont� et la pers�v�rance pour apprendre une langue �trang�re. Selon Mme Tata, directrice d�une �cole de formation Universel School, les Alg�riens sont tr�s lents dans l�apprentissage des langues. M�me si les �tudes sociologiques et linguistiques n�expliquent pas ce ph�nom�ne, ou du moins confirment les dispositions des Alg�riens � acqu�rir toute langue �trang�re vu son exercice de plusieurs vari�t�s linguistiques, il n�en demeure pas moins que ce constat est bien r�el. �Les Alg�riens sont tr�s press�s. Ils r�agissent en urgence. Lorsqu�un �tudiant arrive � l��cole, il veut tout apprendre et vite. Ce n�est pas possible, la langue a besoin de pratique et de patience�, dit-elle, en expliquant que la motivation avec laquelle les gens arrivent � l��cole, dispara�t au bout de quelques s�ances, sous pr�texte qu�ils n�apprennent rien�. �Il est �vident qu�on ne peut pas apprendre une langue en deux semaines�, indique-t-elle. L�interlocutrice �voque par ailleurs une autre cat�gorie d��tudiants. En plus des universitaires et cadres, son �cole re�oit �galement des jeunes gens, sans niveau d�instruction �lev�. Ces jeunes sont des dragueurs de l�immigration. Visant leurs projets d�immigrer sur une destination pr�cise, ils s�adressent aux �coles de langues pour apprendre la langue du pays projet�. L�Espagne et l�Italie sont les cibles principales. Pour la France, les Alg�riens estiment, en g�n�ral, conna�tre plus ou moins cette langue, du moins la parler, m�me d�une mani�re d�form�e, pourvu que le message soit saisi. Le Chinois : l�autre langue du commerce Restant sur la motivation des Alg�riens pour l�apprentissage des langues, l�exemple du chinois est �difiant. L�aspect commercial de cette langue a suscit� un int�r�t particulier pour cette langue des Chinois, de plus en plus nombreux � s�implanter sur le sol alg�rien. Bien qu�il n�existe pas d��cole particuli�re pour enseigner cette langue, m�me pas � l�universit�, le dictionnaire suffit largement pour qui l�int�r�t est majeur, d�apprendre cette langue. Ni la culture ni la transcription graphique de cette langue n�est partag� entre Alg�riens et Chinois. Seule la mondialisation les a unis. C�est une question de sous. Linda est licenci�e en anglais. Depuis deux ans, elle travaille comme caissi�re dans des magasins chinois. Elle fait sa d�couverte de cette langue. Sa passion pour les langues �trang�res lui a facilit� la t�che. Aujourd�hui, elle parle couramment le chinois, gr�ce � l��change qu�elle a avec ses diff�rents employeurs chinois. Munie d�un dictionnaire et d�une volont� tenace, Linda est d�vou�e � cette langue myst�rieuse. �Chaque jour j�apprends de nouveaux mots, c�est tr�s passionnant, d�autant plus que la prononciation est tr�s difficile pour nous. Je fais vraiment des efforts pour ne pas me tromper�, dit-elle. Un mot en ram�ne un autre et c�est toute une culture qui s�installe. Deux ann�es apr�s, Linda ne parle pas uniquement du commerce, elle s�int�resse � la gastronomie chinoise, aux traditions et aux valeurs sociales de ce pays. L�exemple de Linda, on le trouvera �galement chez toutes ces jeunes filles recrut�es ces derni�res ann�es dans des commerces chinois � Alger et ailleurs. L�enseignement de cette langue est au menu de la nouvelle politique adopt�e par le minist�re de l�Enseignement sup�rieur et de la Recherche scientifique pour la promotion des langues �trang�res.