Le Lézard, un film irrévérencieux sur la rédemption d'un voleur multirécidiviste sous les habits d'un mollah, devenu un phénomène de société en quelques semaines en Iran, a été retiré des écrans de province et le sera à Téhéran d'ici à vendredi. «La justice ?sauf dans quelques villes? et le ministère de la Culture n'ont pas interdit le film, mais on nous a conseillé de cesser sa projection, par conséquent, le film a été retiré des écrans dans les villes de province depuis vendredi et le sera progressivement à Téhéran d'ici à vendredi prochain», a déclaré le producteur du film Mohammadi lors d'une conférence de presse, selon l'agence estudiantine Isna. M. Mohammadi a affirmé que lui-même et le réalisateur du film, Kamel Tabrizi, n'étaient pas favorables à une telle décision, mais n'avaient «visiblement pas le choix». Il est vrai que depuis sa sortie le 21 avril, les protestations n'ont cessé de s'amplifier contre ce long-métrage, en particulier dans les milieux ultraconservateurs, qui ont dénoncé ce film comme une «offense à l'égard de la religion». Le film avait déjà été interdit en province, notamment à Machhad (nord-est), Kerman (sud-est), Orumiyeh (nord-ouest) et Rasht (nord). Le Lézard raconte l'histoire irrévérencieuse de la conversion d'un voleur multirécidiviste en mollah. Dans un pays où l'on ne plaisante pas avec l'image des religieux et où l'on coupe la main aux voleurs, les frasques d'un brigand qui abuse son monde sous les habits volés à un mollah, mais se convertit lentement aux valeurs islamiques et humaines, a de quoi déplaire aux rigoristes. Le film a néanmoins battu tous les records du cinéma iranien avec plus de 8 milliards de rials (environ 930 000 dollars) de recettes, soit quelque 900 000 entrées en un peu plus de trois semaines. Les responsables du film n'ont pas précisé s'il allait sortir en disque compact vidéo (VCD) ou en cassette vidéo, mais des dizaines de milliers de version piratée du film ont déjà été distribuées en VCD à travers le pays.