Les antennes paraboliques sont apparues dans notre paysage, il y a une vingtaine d?années et de plus, comme une génération spontanée, elles n?ont pas cessé de proliférer. D?abord collectives, elles ont fini par devenir individuelles, et les terrasses comme les balcons les exhibent. Il y a même parfois plusieurs paraboles par foyer ! Le mot est, bien sûr, entré dans le langage courant : parabole, paraboule, baraboule... Les villes comme les campagnes l?ont adopté sans difficulté, après avoir, un certain temps, employé le mot «assiette» (tabsi en arabe et aqesul en berbère). Aujourd?hui, la mode est au numérique et on dit par raccourci, al-numérique, avec, bien sûr, des variations dans la prononciation, selon que l?on est de la ville ou de la campagne, que l?on parle le français ou non. On l?aura compris, «numérique» et «parabole» viennent du français. Il s?agit d?une abréviation de «antenne parabolique», expression où «parabole», selon le dictionnaire, signifie «ligne courbe dont chacun des coins est situé à égale distance d?un point fixe ou foyer», par allusion à la forme de l?assiette, donc. Mais qu?importent la signification du mot ni même son étymologie (il est de la même origine que «parole» au sens de «récit allégorique»). En Algérie, le mot est toujours associé à la télévision. C?est si vrai qu?on ne dit jamais antenne parabolique pour la distinguer, par exemple, d?un miroir ou d?un radiateur parabolique. Le français local a adopté le mot et, lui aussi, le restreint à cet usage. Mieux, il en a tiré le verbe «paraboler» (installer une parabole) avec un participe passé, «parabolé», pris parfois comme nom d?agent (personne qui a installé une parabole !). Des mots que le Français de France pourrait un jour nous emprunter !