Les antennes-relais GSM ou les BTS fleurissent un peu partout sur les toits des immeubles et des habitations individuelles de la capitale. C'est pour assurer une meilleure couverture possible des réseaux de téléphonie mobiles. Selon les chiffres fournis par la cellule de communication de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), les trois opérateurs réunis ont installé, au 31 décembre 2005, 6189 BTS à travers le territoire national. Wataniya Telecom Algérie a installé 1163 relais GSM tandis que OTA en a implanté 3086. Mobilis a, quant à lui, disposé, à la fin du mois précédant, 1940 BTS à travers l'ensemble du territoire national, un chiffre revu à la hausse puisqu'il a atteint, en l'espace d'un mois, 2050 relais GSM, dont plus de 300 pour Alger, selon des informations fournies par des cadres de la filiale d'Algérie Telecom. La présence massive de ces antennes-relais ne manque pas d'inquiéter les riverains. Des professeurs du CEM La Victoire, sis à Bab Djedid, se sont ainsi plaints de maux de tête répétitifs et ce, depuis la mise en place d'une antenne-relais GSM (ou BTS) au-dessus de l'établissement. En dépit de l'article 5 de l'arrêté de wilaya n° 733 du 8 mai 2005 interdisant toute installation d'antenne-relais sur les établissements scolaires et malgré une note transmise, en 2001, aux directeurs de l'éducation de wilaya, les exhortant à s'opposer, par mesure de précaution, à l'installation d'équipements de transmission au-dessus des lycées et des CEM, cette loi n'a apparemment pas été respectée. L'on se pose dès lors la question si ce désagrément est généré vraiment par la mise en place de ces relais ou s'agit-il d'une autre cause ? Les professeurs de cet établissement scolaire ne sont pas les seuls à se plaindre de migraines. Les habitants d'un immeuble, situé à l'avenue Victor Hugo, en plein centre d'Alger, sur lequel un opérateur a installé une antenne BTS ont ressenti des malaises. Idem pour les résidants de cet immeuble situé à Garidi I, à Kouba, et dont leur bâtiment supporte plus de quatre antennes-relais GSM. En plus des migraines, les occupants font face à un autre problème : celui que représentent ces équipements électroniques quant à l'étanchéité de leur immeuble. Si les citernes d'eau ne sont pas tolérées sur les toits comme cela a été le cas pour des habitants des Anasser, à cause du poids sur l'étanchéité, pour quelles raisons les antennes-relais ne peuvent-elles pas, elles aussi constituer un danger aux habitants d'un immeuble ? « Nous n'avons aucun droit sur les antennes-relais GSM installées sur les quelques bâtiments que nous gérons », atteste une source de l'OPGI de Hussein Dey. Des habitants d'un quartier à Hussein Dey se sont soulevés suite à l'installation d'une antenne-relais GSM à proximité de leur habitation. Le propriétaire d'une villa, sans les avertir, aurait autorisé un opérateur de téléphonie mobile à installer son BTS. « Nous craignons pour notre santé et celle de nos enfants », attestent les résidants. A Aïn Naâdja, les patients d'une clinique sont confrontés aux désagréments liés à l'installation d'une antenne-relais à une distance de cinq mètres de cet établissement hospitalier ! Même les châteaux d'eau n'ont pas échappé aux « tentations » des opérateurs téléphoniques dès lors qu'ils représentent un endroit idoine. Le comité de quartier et le collectif des habitants d'un immeuble sont-ils associés à la décision d'installer une antenne-relais ou, tout simplement, sont-ils mis devant le fait accompli ? Les relais et notre santé Pourquoi n'y a-t-il pas une loi qui réglemente les BTS installées à proximité des établissements scolaires, des hôpitaux et des maisons des personnes âgées comme cela a été fait en France (à moins de 100 m) ou en Suède (à moins de 2000 m) ? N y a t-il pas, en Algérie, un organisme chargé de la sécurité sanitaire environnementale qui pourrait se charger du dossier santé et mobile à l'instar de l'AFSE en France ? Autant de questions qui restent sans réponse en l'absence d'un interlocuteur au niveau de la wilaya. Les responsables du service de la réglementation de la Drag que nous avons contactés, à plusieurs reprises, sont « en séance de travail » ou bien « ne sont pas encore rentrés », nous a-t-on répliqué. Officiellement, et si l'on en croit les réglementations internationales, il n'y aurait pas de danger à vivre à proximité des antennes-relais. Les avis des experts scientifiques sont convergents : les niveaux de puissance des antennes de téléphonie mobile sont trop faibles pour présenter un risque sur la santé des personnes vivant dans leur voisinage. Dernière étude en date, celle des chercheurs de l'université de Leeds, en Grande-Bretagne, publiée depuis quelques jours. Cette étude, qui a concerné 966 Britanniques, dont l'âge varie entre 18 et 69 ans, se servant régulièrement d'un téléphone portable et ayant souffert entre 2000 et 2004 d'un gliome, une forme de tumeur cérébrale relativement fréquente chez l'homme, a conclu qu'il n'y a aucune relation entre l'utilisation du téléphone portable et l'apparition de tumeurs cérébrales. « Il n'y a aucun risque spécifique par rapport à la durée moyenne, la fréquence des appels passés, l'âge de l'usager et le nombre d'années d'usage », a conclu cette étude. « Faux ! », rétorquent d'autres scientifiques souvent proches des associations opposées aux stations relais. Ces antennes pourraient entraîner des lésions beaucoup plus graves : épilepsie, maladie d'Alzeimer, voire même des cancers. Ces scientifiques dénoncent l'apport financier des opérateurs à ces études mettant en cause par là même leur indépendance. Laideur parabolique sur nos toits Dans un autre chapitre, la prolifération anarchique de ces antennes et relais a considérablement enlaidi le paysage extérieur d'une capitale déjà défigurée par les agressions urbanistiques. Il va sans dire que face à la médiocrité des programmes de notre unique chaîne de télévision nationale, les téléspectateurs algériens ont vite fait de se braquer vers des programmes étrangers. C'est ainsi que des chaînes françaises, publiques et privées ainsi que celles des pays arabes sont venues se greffer dans le paysage audiovisuel algérien. Films, documentaires, émissions de divertissement et compétitions sportives, les mordus du tube cathodique algérois ont découvert les avantages de la réception satellitaire. Les démodulateurs numériques, après ceux analogiques, ont fait leur apparition dans le paysage médiatique. L'introduction sur le marché national de produits électroniques asiatiques « montés » à Bordj Bou Arréridj a fait le reste. Que ce soit à El Hamiz ou ailleurs, les « démos flashés » sont écoulés comme des petits pains. De dimension différente, l'implantation des assiettes paraboliques sur les balcons, les toits et même les murs de façade des habitations ont considérablement enlaidi le paysage extérieur de la capitale. Il n'y a pas un seul immeuble qui ne soit pas infecté par le phénomène de la parabole. Des ménages possèdent même deux voire trois assiettes de parabole, l'une réservée aux programmes occidentaux, une autre aux chaînes arabes, à savoir El Jazeera ou El Arabiya. Sauf que dans la capitale comme ailleurs, aucune réglementation ni loi n'est venue mettre un terme à cette anarchie indescriptible comme si les pouvoirs publics ont baissé les bras devant une telle pétaudière.