Il est 10 heures et j'ai déjà l'impression d'avoir fait une journée. Normalement à cette heure-ci c'est la récréation, alors que là, je suis à l'hôpital. Il pleut dehors, il fait gris mais de mon lit d'hôpital, je peux regarder par la fenêtre et malgré le mauvais temps, ça remue dehors. Je vois des voitures qui roulent, des gens qui courent pour s'abriter quelque part. Tiens ! La voiture de police. Les policiers vont où ? Ils font quoi ? Ils ont arrêté un dangereux brigand ? Je voudrais être avec mes copains et mes copines mais là... ce n'est pas possible. Je ne sais plus trop pourquoi je suis là, je me souviens seulement d'avoir entendu le crissement d'une voiture, c'est tout. C'est vrai, j'ai mal partout et je n'ai pas envie de me lever mais je ne le dis pas quand les dames de l'hôpital me demandent si ça va. Je leur dis que oui, ça va, et elles repartent vite. Elles sont gentilles les dames, leur maquillage sont les seules couleurs dans ma chambre d'hôpital, c'est comme si, ici, il fallait retirer les couleurs, pourtant ce n'est pas dangereux la couleur !! — Bonjour mon bonhomme, ça va ce matin ? dit le docteur en entrant dans ma chambre. Comment peut-il m'appeler comme ça alors qu'il ne m'a même pas regardé ! Mon bonhomme... quel surnom débile. Il devrait savoir que je m'appelle Tom et que j'ai 7 ans, mais ça, il peut le voir quand il regarde mes radios, car lorsqu'il les regarde il peut tout détailler chez moi, trop fort le docteur. En plus, il a une tête de vieille taupe avec ses grosses lunettes. Ah mais c'est peut-être pour ça qu'il ne me regarde pas vraiment, ce sont peut-être des lunettes qui savent seulement voir des radios, ça c'est cool. C'est mon copain Paul qui ferait une sacrée tête s'il me voyait avec des lunettes pareilles. C'est mon meilleur copain Paul, sauf que lui, il est plus grand que moi, blond avec plein de taches de rousseur sur le nez et souvent quand je lui parle de faire des bêtises, oh pas des graves, je dois toujours lui démontrer que ça va être drôle sinon il ne veut pas mais il finit toujours par être de mon côté pour les faire et après qu'est-ce qu'on rigole. C'est toujours lui qui est puni, normal, il ne court pas assez vite... Il y a trois points noirs au plafond de ma chambre. La chambre 117 et oui ! Le personnel hospitalier ne le sait même pas j'en suis sur. Il faudrait qu'ils lèvent leurs têtes au plafond. Moi, je le sais maintenant et je partage ce secret avec tous ceux qui ont eu la chambre 117 avant moi. D'autres agrandiront ce cercle après moi. Et dire, qu'ensemble, on sait ce petit détail sans se connaître les uns avec les autres. Et on en passe du temps à regarder ces trois petits points noirs, on a que ça à faire... Ces trois points noirs c'est peut-être le début de la chanson : «3 petites notes de musique, ont plié boutique, au creux du souvenir», ma grand-mère m'a raconté que cette chanson la rendait gaie lorsqu'elle la chantait, mais là, je suis fatigué...3 petites notes de musique... — Bah alors tu viens ? Dit une voix empressée. Je soulevai le drap que j'avais placé sur mes yeux, la lumière du jour me gênant et je vis, stupéfait, le docteur avec ses grosses lunettes, sa blouse blanche et une vraie tête de taupe. Il avait rapetissé, ses doigts ressemblaient davantage à des pattes de taupes qu'à des doigts humains. — Bon sang ce n'est pas vrai ? Je rêve ? Que se passe-t-il ? Me dis-je en frottant mes yeux.