Résumé de la 5e partie n Les inspecteurs Booth et Conrad enquêtent sur le meurtre des parents du petit Billy. Ils sont perplexes. Le sergent Elliot, pour sa part, a l'intime conviction que l'assassin est le petit garçon. L'inspecteur Conrad lui répondit : «Cuisiner un gosse de huit ans... C'est une obsession, Elliot... Un moutard de son âge ne peut pas être complice d'un meurtre ! — J'en ai vu des moutards... je commence à les connaître. Et celui-là me chiffonne la moustache. Ecoutez, c'est pas normal... Quand je suis arrivé, il était là tout tranquille, assis sur le gazon, et il me balance comme si c'était rien : ”Maman et papa sont morts !” Exactement comme il aurait dit : ”Ils sont partis au cinéma.” Après ça je le retrouve en train de bricoler son vélo... — Les enfants réagissent parfois curieusement, sergent. Un choc aussi terrible a pu lui faire adopter cette attitude faussement calme, qui vous intrigue. Une sorte de défense contre la peur. — Moi, je vous dis que ce gosse n'avait pas peur. Que j'aie tort ou raison d'ailleurs, plus rien ne m'étonne dans ce boulot. On me dirait que Sophia Loren a zigouillé ses gosses, je répondrais : possible. Que le Président Eisenhower a empoisonné sa femme, je dirais pourquoi pas ? Que le pape envoie des fléchettes de strychnine à ses évêques... ça ne m'étonnerait pas tellement. Depuis le temps que je traîne mes guêtres dans ce boulot de flic, j'en ai vu tellement de bizarres que je me dis que tout le monde est capable de tout. N'importe qui de n'importe quoi... Faites-moi confiance, interrogez le mouflet... Qu'est-ce que vous avez à perdre ?» Rien à perdre et tout à gagner en effet. Car le jeune Noir a un alibi en béton et Booth et Conrad n'ont plus rien à se mettre sous la dent. D'ailleurs, leur capitaine est d'accord. «L'enfant a peut-être un souvenir… Quelqu'un qui serait venu chez eux avant le crime... Sans aller jusqu'à l'idée fixe de ce brave Elliot, vous devriez reprendre l'histoire à zéro avec le gosse, puisque vous êtes au point mort et qu'il est le seul témoin. — Le sergent demande à nous accompagner... — Ce n'est pas une mauvaise idée. Il a l'air bourru comme ça, il joue les terreurs dans le quartier, mais si quelqu'un connaît bien les gens, c'est lui. Il m'a ramené plus d'un moutard à qui on aurait donné le Bon Dieu sans confession et qui en avait fait autant que la moitié des truands du coin.» Jacky paraît en bonne santé. Depuis la mort de ses parents, il a été confié à un pensionnat de l'administration, en attendant de retrouver ses grands-parents, qui ont demandé la garde des enfants. Il va retourner dans l'Utah avec son petit frère. Une question de jours. L'éducateur le trouve intelligent, éveillé. Il a surmonté cette histoire sans problème. «C'est normal ? demande le sergent Elliot. — Oui et non. ?a dépend. Les enfants de son âge ne réalisent pas vraiment ce qu'est la mort. — Son père et sa mère, tout de même... c'est différent de la mort d'un petit copain. Tous les malheureux gosses que j'ai vus confrontés à ce genre de drame pleuraient. Ce gosse n'a jamais pleuré. — Vous n'en savez rien, et moi non plus.» Jacky dessine. Il fait des maisons, avec des arbres autour, le soleil par-dessus. Un chien devant la porte, et un petit bonhomme à côté. «C'est moi, là...» Il est attendrissant comme tous les mômes de son âge. Les cheveux en brosse, le nez en trompette, ce regard bleu tranquille, ouvert sur le monde, la bouche barbouillée de couleurs... Les deux inspecteurs s'apprêtent à l'interroger sans conviction. (à suivre...)