Alger Le 9 mai 2004, le tribunal criminel d?Alger a eu à se prononcer sur le procès d?un homme qui n?a pas hésité à tuer pour une stupide histoire de chaussures? Cela se passe au marché Boumati, à El-Harrach. Par une chaude journée de juillet 2002, un jeune homme installe sa marchandise à même le sol. Il vend de jolies chaussures de toutes les couleurs. Les gens s?arrêtent, en demandent le prix, les admirent, les achètent parfois ou alors continuent leur chemin? Le vendeur, H. A., est un jeune repris de justice qui porte encore les séquelles d?un passé troublant? Aujourd?hui, il tente, tant bien que mal, de gagner sa vie et de subvenir aux besoins de sa famille de la manière la plus honnête qui soit, en tirant un trait définitif sur ses longues années de galère. Mais savait-il alors qu?en exposant des chaussures à la vente, il allait devoir retourner derrière les barreaux d?une prison où il devra méditer pendant de longues années le geste fatal qui l?a mené à sa perte ? Comme tous les passants, D. B., un jeune homme s?arrête et admire les belles chaussures. Mais voilà que quelque chose dans son attitude dérange le vendeur. Il a comme l?impression que le client se paie sa tête. Exaspéré, le jeune commerçant le pousse brutalement et lui ordonne de déguerpir avant qu?un drame n?arrive. Les choses auraient pu en rester là, mais cela ne se passe pas comme on le voudrait, hélas. C?est ainsi que quelques instants plus tard, le client revient à la charge, muni d?une barre de fer, décidé à se venger de la maladresse du vendeur. Il lui assène un coup si violent qu?en l?espace de quelques secondes, le sol est couvert de sang? H. A., fou de rage, sort à son tour un couteau et attaque son agresseur. Il frappe de toutes ses forces et ne s?arrête que lorsqu?il prend conscience que sa victime, affalée à ses pieds, baigne dans son sang et ne respire plus. Il prend alors la fuite. Trois jours plus tard, il se constitue prisonnier, avouant son crime dans les moindres détails. Un crime qu?il aura commis pour une stupide histoire de chaussures. Le représentant du ministère public requiert la perpétuité à l?encontre de l?accusé. Cependant Me M. Y. Haddad plaide les circonstances atténuantes : «Mon client n?a fait que se défendre. Il était en légitime défense. Je demande donc la requalification de l?homicide volontaire en coups et blessures ayant entraîné la mort» dira-t-il à la cour. Après de courtes délibérations, H. A. est condamné à 10 ans de réclusion criminelle.