Effets - Des centaines de milliers de citoyens attendent l'application des mesures annoncées pour tourner une longue page de calvaire et de soumission aux cambistes. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a instruit, début décembre 2012, les banques pour relever l'allocation touristique, appelée aussi allocation voyage, pour les touristes, étudiants et les personnes contraintes d'aller se soigner à l'étranger. Fixée actuellement à 150 euros (l'équivalent de 15 000 DA), cette somme dont bénéficient les Algériens désirant se déplacer à l'étranger au niveau des établissements financiers publics, devrait connaître une augmentation substantielle afin de permettre aux concernés d'avoir les moyens financiers suffisants durant leur séjour. L'annonce du chef de l'exécutif a été accueillie avec une grande joie par les Algériens qui ont longtemps été forcés de solliciter le marché parallèle de la devise, dont le taux de change dépasse largement celui appliqué au niveau des banques. «Que peut-on faire avec 150 euros ? C'est une somme qui ne suffit même pas à passer deux jours en Europe ! Il faut que la décision annoncée par M. Sellal soit mise en œuvre dans les meilleurs délais. Ça y est, nous sommes devenus les otages des marchands informels de la devise !», nous dit une dame croisée au niveau du guichet de change dans une agence de la Badr (Banque de l'agriculture et du développement rural). Devant se déplacer en Espagne pour rendre visite à un parent malade, cette responsable de marketing dans une entreprise privée croyait que la hausse de l'allocation touristique était déjà mise en application. «Vous me poussez à solliciter les cambistes du square Port-Saïd. Plus rien ne justifie cette situation, d'autant que les caisses de l'Etat sont bien pleines», lance-t-elle à l'adresse du préposé au guichet. «Pour l'instant, nous n'avons reçu aucune instruction officielle. Patientez encore un peu. Moi-même j'attends l'application de cette mesure avec impatience», s'est-il contenté de répondre. «Durant la première quinzaine du mois de décembre, plusieurs citoyens sont venus se renseigner sur l'annonce de M. Sellal. Ils espéraient avoir plus de devises pour leurs voyages de fin d'année», confie un employé au niveau d'une agence du Crédit populaire d'Algérie (CPA). En sus de la hausse de cette allocation, les citoyens appellent à la nécessité de mettre un terme à la longue série de démarches y afférentes. «Il faut annuler cet imprimé qu'il faut remplir à chaque fois pour obtenir la modique somme de 150 euros. Et puis, il est souvent inexistant. Il y a aussi ce problème des horaires de travail des guichets spécialisés. Certaines banques offrent cette prestation deux fois par semaine, d'autres le font seulement le matin. C'est l'anarchie totale», rouspètent plusieurs citoyens interrogés sur le sujet. Le changement radical de cette situation pénalisante constitue le souhait le plus cher pour nos interlocuteurs qui voient dans les récentes instructions du Premier ministre aux banques une voie vers la fin de leur calvaire. Il faut dire qu'actuellement il n'y a pas un grand rush vers les guichets de change, une grande partie de voyageurs préfère s'approvisionner en devise directement au niveau du marché parallèle. Un seul rêve hante donc les esprits ; traduire l'annonce en fait concret.