Hommage - Le Théâtre régional de Skikda a présenté, hier, sur les planches du TNA, une pièce ayant pour titre Ce qui reste du courrier des martyrs. La pièce, écrite et mise en scène par Omar Maâiouf, raconte l'histoire d'un facteur, un vieil homme qui, durant 50 ans, a gardé en sa possession, jalousement et précieusement, quelque chose, plus inestimable qu'un trésor. Il s'agit de lettres écrites par des martyrs pendant la Guerre de Libération nationale. Ce facteur, chargé de transmettre le courrier des Algériens, était censé faire parvenir les lettres à leurs destinataires, mais pour des raisons inconnues, elles ne sont pas arrivées. La pièce met en scène deux générations face à face : la première, celle qui est née pendant la colonisation française et qui a vécu la Révolution, est représentée par Ammi Kadour, le facteur, garant et dépositaire de l'histoire de l'Algérie, donc symbole de la mémoire. La seconde, c'est-à-dire la génération d'aujourd'hui, est représentée par un groupe de jeunes, évoluant dans la culture urbaine, insouciante, aspirant chaque jour à une vie moderne. Cette jeunesse ne pense qu'à vivre. Elle n'a cependant aucune connaissance de son histoire coloniale, notamment de ces anonymes, femmes et hommes, qui ont fait la Révolution, se sont sacrifiés pour libérer l'Algérie du joug colonial. Mais avec Ammi Kadour, cette mémoire vivante, ce témoin d'une génération, cette jeunesse finit – en lisant les lettres écrites par les martyrs (ils étaient aussi jeunes, tout comme la jeunesse d'aujourd'hui, avec les mêmes aspirations élémentaires), et laissées comme un testament pour les générations futures – par apprendre – ou réapprendre – son histoire, son passé révolutionnaire. A partir de la rencontre des deux générations, la pièce évolue sur plusieurs tableaux. Ainsi, le spectateur passe de la scène centrale de la lecture à une succession de scénettes relatant les exploits des auteurs des lettres, le tout sur un ton tragicomique. Autant de héros dépeints avec humanité et drôlerie par le metteur en scène, qui a su allier simplicité et ingéniosité à la fois dans la scénographie proposée et dans le texte en arabe dialectal et en français. S'exprimant sur la pièce, Omar Maâiouf, le metteur en scène, dira : «J'ai tenu à parler de notre histoire collective en rendant hommage aux ''petites gens'', ces anonymes qui ont contribué par leur résistance de tous les jours à notre indépendance», et de poursuivre : «La pièce met en scène le rêve de la jeunesse algérienne, celle de la Révolution et celui de la jeunesse d'aujourd'hui, un rêve de liberté. C'est dans un esprit de continuité que s'organise la pièce.» Pour rappel, les célébrations du cinquantenaire de la fondation du Théâtre national algérien (TNA) s'étaleront sur un mois avec 12 représentations théâtrales programmées au théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, des spectacles d'art lyrique dans plusieurs infrastructures culturelles de la capitale et une série de lectures de textes d'illustres dramaturges algériens : Ould Abderrahmane Kaki, Abdelkader Alloula, Kateb Yacine... A signaler que cette représentation entre dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de la fondation du Théâtre national algérien (TNA), le 8 janvier 1963. Un anniversaire qui coïncide avec la commémoration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie,