Tension - Cette mesure touche trois provinces, où les violences ont fait 46 morts en trois jours. Dans un discours à la nation, au ton ferme, retransmis à la télévision, M. Morsi a annoncé des «mesures exceptionnelles» pour faire face à l'escalade, menaçant d'en prendre d'autres si les violences persistaient. «Je le ferais pour l'intérêt de l'Egypte. C'est mon devoir et je n'hésiterais pas un instant.» L'état d'urgence est entré en vigueur hier à partir de minuit pour 30 jours, à Port-Saïd, Suez et Ismaïliya, sur le canal. Il sera accompagné d'un couvre-feu de 21h00 à 06h00 locales (19h00 à 04h00 GMT) pour la même période. «Je suis contre les mesures exceptionnelles, mais j'avais dit que si j'y étais contraint, je le ferais pour éviter que le sang ne coule et pour protéger les citoyens», a dit le Président. L'état d'urgence, imposé durant 30 ans, avait été levé en mai 2012. Parallèlement, M. Morsi, accusé d'autoritarisme par ses détracteurs, a appelé les dirigeants de l'opposition à un dialogue national pour demain lundi. Selon un communiqué de la présidence, les dirigeants du Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition, Hamdeen Sabbahi, Amr Moussa et Mohammed El Baradei, ont été conviés notamment à ce dialogue à 18H00 locales (16H00 GMT) au palais présidentiel au Caire. Le FSN avait réclamé samedi une «solution globale» à la crise incluant un «gouvernement de salut national», faute de quoi, il boycotterait les législatives prévues en mars ou avril et réclamerait une présidentielle anticipée. Hier encore les heurts se sont poursuivis. Six personnes, dont un jeune homme de 18 ans atteint par une balle, ont péri à Port-Saïd, et 467 ont été blessées. Selon des témoins, des coups de feu d'origine indéterminée ont été entendus pendant que les dépouilles étaient transportées d'une mosquée vers le cimetière, provoquant un mouvement de panique parmi les milliers de personnes présentes. Certains participants ont lancé des slogans hostiles au pouvoir islamiste, scandant «A bas le pouvoir du Guide» des Frères musulmans, dont est issu M. Morsi. Pour les habitants de Port-Saïd, les condamnations à mort des supporteurs du club de football local Al-Masry, ont été motivées par le souhait d'éviter des troubles plus graves avec les supporteurs très organisés d'Al-Ahly, qui avaient menacé de semer le «chaos» si le verdict n'était pas sévère. «C'est un verdict politique qui a sacrifié nos enfants pour éviter le chaos. Nos enfants sont des boucs émissaires». Les policiers en colère Parmi les 31 morts de samedi figurent deux policiers pour qui des funérailles militaires ont été organisées au Caire. Des policiers égyptiens en colère ont empêché hier le ministre de l'Intérieur d'assister aux obsèques de deux de leurs collègues tués la veille dans des affrontements à Port-Saïd (nord-est). Les policiers lui ont reproché le fait que les policiers ne disposaient pas de balles réelles pour face à des situations d'émeutes. Le ministre a tenté de parlementer, mais les policiers en colère ont insisté pour qu'il ne participe pas aux funérailles. Les deux policiers ont été tués samedi alors qu'ils gardaient la prison de Port-Saïd où sont détenus 21 supporters de football locaux condamnés à la peine capitale. Des proches et des habitants de la ville avaient tenté d'envahir la prison et avaient aussi attaqué des postes de police.