L'égypte entre dans une nouvelle période de troubles. La ville de Port-Saïd s'est embrasée hier. Trente personnes ont été tuées et plus de 300 blessées lors d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, après l'annonce de la condamnation à mort de 21 Egyptiens pour leur implication dans le drame du match de football l'an dernier dans cette ville sur le canal de suez.Ces heurts sanglants interviennent au lendemain du deuxième anniversaire de la révolution, marqué également par des violences entre manifestants et policiers ayant fait neuf morts et plus de 530 blessés. Des proches des personnes condamnées à la peine capitale ont tenté d'envahir la prison dans laquelle se trouvaient les condamnés. Le verdict a été accueilli par des cris de joie et les youyous des membres des familles des victimes. Le président du tribunal a en outre fixé au 9 mars le verdict pour le reste des accusés, dont 9 policiers, jugés pour leur responsabilité présumée dans la tragédie de Port-Saïd. En février 2012, 74 personnes ont perdu la vie dans les échauffourées après un match entre le club cairote d'Al-Ahly et celui d'Al-Masry. C'est le drame le plus meurtrier dans l'histoire du football égyptien. Les accusés ont récusé toutes les charges de meurtre avec préméditation et de port d'armes prohibé. Les supporters d'Al-Ahly, connus pour leur soutien actif à la révolte populaire avaient menacé les autorités de «chaos» si le verdict n'était pas assez sévère. Après les affrontements meurtriers de vendredi, lors du deuxième anniversaire de la révolution, l'armée a déployé des hommes et des blindés légers pour protéger les bâtiments de la police et du gouvernorat local à Suez. Les manifestations et les heurts s'étaient également produits ailleurs en Egypte. Aux abords de la place Tahrir au Caire et à Alexandrie. A Ismaïliya, des manifestants ont mis le feu au siège local du PLJ, le parti des Frères musulmans, et envahi le siège du gouvernorat. Le président Mohamed Morsi a appelé les Egyptiens à «rejeter la violence» et promis que les responsables des heurts meurtriers seraient «traduits en justice». Mais la colère des manifestants est dirigée justement contre le Président et les Frères musulmans, dont il est issu, accusés d'avoir fait dévier la révolution. L'opposition accuse les islamistes de perpétuer un système socialement injuste, et de privilégier l'idéologie religieuse sur l'intérêt général. L'opposition menace également de boycotter les élections législatives prévues dans les prochains mois si le pouvoir islamiste n'appliquait pas une «solution globale» à la crise, notamment en créant un gouvernement «de salut national». L'opposition pourrait manifester pour faire tomber la Constitution et réclamer «l'organisation d'une élection présidentielle anticipée». La Constitution a été adoptée par référendum en décembre dernier. Mais l'opposition lui reproche d'avoir réalisé un affaiblissement de certaines libertés, étant élaborée par une commission sous influence islamiste. M. B. /Agences