Avancée - Des «éléments français ont été mis en place cette nuit à Kidal» dans le nord du Mali. C'est ce qu'a confirmé, ce matin, le porte-parole de l'état-major des armées françaises, le colonel Thierry Burkhard. Il s'est refusé toutefois à toute précision sur cette opération qui intervient 48 heures après la prise de Tombouctou et celle de Gao le week-end dernier. Des sources concordantes au Mali avaient annoncé dans la nuit la présence de militaires français à l'aéroport de cette troisième grande ville du nord du Mali. «Un avion français s'est posé sur la piste de l'aérodrome de Kidal. Il a pris position sur l'aérodrome», a déclaré au Mali un responsable de l'administration locale, dont le témoignage a été confirmé par des notables touareg de la région et une source de sécurité régionale. Interrogé sur une éventuelle stratégie des jihadistes consistant à se cacher pour mieux contre-attaquer par la suite, le ministre des Affaires étrangères français, M. Fabius, a répondu dans une interview parue ce matin dans le quotidien français Le Parisien : «Les terroristes sont désorganisés. Très atteints. Ils savent que nous pouvons écouter leurs communications, ce qui limite leur capacité de réaction.» «Maintenant, c'est aux pays africains de prendre le relais. Nous avons décidé de mettre les moyens pour réussir cette mission et frapper fort. Mais le dispositif français n'a pas vocation à être maintenu. Nous partirons rapidement», a-t-il dit. A Bamako, se projetant dans l'après-guerre, les députés ont voté hier à l'unanimité la mise en place d'une «feuille de route» politique, qui prévoit une discussion avec certains groupes armés dans le cadre de la «réconciliation nationale». La «feuille de route» ne fixe aucune date pour la tenue d'élections, mais le Président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a déclaré à Addis-Abeba qu'il espérait qu'elles pourraient avoir lieu avant le 31 juillet prochain. La communauté internationale a régulièrement insisté auprès du régime de transition à Bamako sur la nécessité d'une «double approche», à la fois politique et militaire, pour résoudre la crise malienne. «Dès que la stabilité sera établie dans les principales villes du pays, il sera indispensable de reprendre tout de suite la négociation, car la paix au Mali passe par une stabilisation politique», avait déclaré, pour sa part, hier, l'envoyé spécial de l'ONU pour le Sahel, l'ancien Premier ministre italien, Romano Prodi. «Dès maintenant, le gouvernement malien doit commencer à préparer techniquement l'organisation des élections, en particulier les listes électorales. C'est un travail énorme, qu'il faut démarrer si on veut avoir des élections crédibles lorsque la situation de sécurité le permettra», ajoute-t-il. L'omerta sur le bilan des tués Pour compter les pertes infligées à l'ennemi par les forces françaises dans la guerre au Mali, la France fait des multiplications d'individus présumés à bord de véhicules pick-up détruits, selon le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius. Depuis le déclenchement des hostilités le 11 janvier, aucun bilan de tués, blessés ou prisonniers n'a pu être obtenu de source indépendante. Les armées française et malienne verrouillent, en outre, plusieurs accès dans le pays, compliquant la possibilité de constat sur le terrain. Avant la guerre, le nombre de combattants membres de groupes armés alliés à Al-Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) dans le nord du Mali était estimé à quelques milliers d'hommes. Selon des informations parcellaires, plusieurs dizaines d'entre eux auraient été tués dans des combats ou bombardements au lendemain de l'ouverture du feu, notamment à Konna dans le centre du Mali. Le chef de la diplomatie française avait toutefois affirmé dans sa déclaration au quotidien français Le Parisien : «Nous en avons tué beaucoup.»