Les événements s'accélèrent chez notre voisin du sud à une vitesse grand V. Jeudi, 1.200 hommes équipés de véhicules tout-terrain roulant pour Al-Qaida au Maghreb islamique, le Mouvement pour l'unicité, le djihad en Afrique de l'Ouest, Boko Haram et une faction d'Ansar Eddine, se sont emparés de la ville de Konna, une localité qui représentait le dernier rempart entre les insurgés qui contrôlent le nord du Mali et Mopti, la principale ville de la région et surtout une ville qui, si elle venait à tomber, ouvrirait la route de Bamako. L'armée malienne, qui a battu en retraite, a réussi à déclencher, hier, une contre-offensive pour reprendre le contrôle de cette ville et Douentza, une localité du nord-est du pays et ce, grâce à l'aide d'appareils militaires de « pays amis » et aux forces spéciales françaises et allemandes qui ont débarqué, jeudi soir, de huit C-160, à l'aéroport de Sévaré, reconnaissent plusieurs officiers maliens, cités par des médias. Selon certains, cette offensive ne s'arrêtera pas à ce niveau, « elle progressera vers des les positions islamistes plus au nord pour déloger les 1 500 à 2 000 hommes qui ont imposé leurs règles aux populations de Tombouctou, Gao, Kidal ». Certains analystes mettent en garde les hommes du capitaine Sanogo et le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, qui a averti le 31 décembre que son pays « n'attendra pas des mois » pour lancer « la guerre contre les terroristes ». Pour eux, ce qui vient de se passer entre Konna et Mopti pourrait être un simple exercice militaire des groupes armés qui ont reconstitué leur alliance sur le terrain. La chute quasiment sans effort de Konna, disent-ils, pourrait faire descendre la ligne de front, en s'emparant de quelques villes, comme Sevaré qui pourrait se réveiller un jour avec les pick-up des islamistes. Et ce pour deux raisons. La première, les islamistes possèdent depuis la guerre de Libye un arsenal conséquent pour descendre sur le sud. Deux, l'opération militaire promise « une fois que le processus politique aura produit son effet », n'est pas pour demain. Les forces militaires restent incapables, sur les plans technique, logistique et humain de faire face à une offensive au nord, la Cédéao, qui a promis de mobiliser 3300 hommes pour appuyer l'armée malienne, peine à trouver les moyens techniques et financiers. Les « parrains » de la résolution 2085 (France, Etats-Unis) ne se sont pas encore répartis les tâches de soutien (logistique, renseignement, financement), etc. L'intervention militaire internationale anti groupes armés islamistes aura-t-elle lieu plus tôt que prévue au Mali ?