Evocation - Le rendez-vous hebdomadaire «Echos de plumes» a revisité, hier, à la petite salle Hadj-Omar au Théâtre national, le parcours du dramaturge et comédien M'hamed Benguettaf. M'hamed Benguettaf a été, le temps d'une rencontre, évoqué à travers son œuvre Le collier de perles. Ainsi, l'acteur Hocine Zaïdi nous a fait la lecture de quelques extraits de cette pièce. La lecture a été suivie par un débat analytique animé par le critique d'art Mohamed Boukerasse. Connaisseur des œuvres de Benguettaf, auquel il a consacré une thèse de magistère, l'orateur dira : «Plusieurs études académiques ont été effectuées sur les œuvres des hommes de théâtre tel que Kaki et Kateb Yacine, mais M'hamed Benguettaf reste oublié. Malgré la richesse de ses œuvres, il reste confiné aux activités administratives, cela est, peut-être, dû au poste administratif qu'il occupe - directeur du TNA - depuis 2003.» Dans son analyse Boukerasse expliquera que Le collier de perles, pièce écrite en 1984, pour la célébration du 30e anniversaire du déclenchement de la Guerre de libération, ne constitue pas l'œuvre-phare de M'hamed Benguettaf, mais c'est un texte illustratif où l'on peut approcher le style de l'artiste. Pour lui Benguettaf se distingue par des présentations précédées par plusieurs introductions. Le collier de perles se veut une pièce chronologique de l'histoire de l'Algérie de 1930 à 1954. Dans cette œuvre, l'auteur use de l'histoire de l'art sous toutes ses formes (poésie - chant et autres) pour raconter les différentes périodes de l'histoire de l'Algérie, de 1927 à la veille de la colonisation en passant par les différentes révolutions populaires que le peuple a menées courageusement, suivant le contexte de la naissance du mouvement nationaliste et les événements du 8 Mai 1945, en s'arrêtant au déclenchement de la Révolution algérienne en 1954. Cependant, il serait injuste de notre part de considérer l'œuvre en question comme un simple travail historique. Avec ses 22 scènes, l'auteur traverse l'histoire avec ses 26 personnages entre personnages historiques pour marquer les différentes périodes de l'histoire et autres imaginaires symboliques, pour les besoins du message dramaturgique. - Le travail de M'hamed Benguettaf, est aussi un travail de langue. Pour cet artiste issu d'un milieu populaire et qui a entamé sa carrière en tant qu'acteur de théâtre à la radio, le mot devient un moyen de taille. Par ailleurs, Il faut reconnaître que Benguettaf a le mérite de créer une langue de théâtre propre à lui, dans ses scènes, les personnages s'animent et se côtoient tantôt en arabe dialectal, tantôt en arabe classique et parfois en une troisième langue, une résultante des deux autres. Enfin, le critique d'art Mohamed Boukerasse refuse de considérer M'hamed Benguettaf comme un simple artiste ou écrivain de pièces théâtrales ordinaires. C'est un artiste complet innovateur qui aurait marqué l'histoire du Théâtre algérien par l'interprétation de 100 représentations, dont il est l'auteur de 25. Ses œuvres sont le fruit d'un travail d'un perfectionniste, qui esquive la médiocrité. Le souci de l'artiste est d'attirer l'attention vers un contenu qui ne dupe pas l'intelligence du public. Dans les années 80 il a expérimenté le théâtre indépendant. Avec la troupe El-Kalaâ, il décroche le 1er prix au festival de Carthage, avec la fameuse pièce, El aayta (Le cri).