Histoire - Ce gros village, le «Petit Paris» comme on l'appelait à l'époque, était construit et posé à plat au beau milieu de la vallée de la Mekkera. Si Tlemcen est connue pour son cake, Béni-Saf pour ses crevettes et Maghnia pour son matelou' familial, Sidi Bel-Abbès n'est connue apparemment que par son usine Enie qui produit d'excellents appareils au demeurant. Et pourtant cette ville qu'ont chantée avec passion Rainette, Saritza et Blond-Blond à l'époque coloniale et surtout Mostefa Ben Brahim, le chantre des Béni Ameurs, bien avant eux, a une particularité qui la singularise sur toutes les autres cités : sa passion dévorante pour la bicyclette. On dit qu'à Sidi Bel-Abbès, quand un bébé vient au monde, c'est avec un guidon entre les dents. Mais d'où vient cette frénésie pour la petite reine ? Du fait de la topographie du terrain qui date du début du siècle dernier. On suppose qu'elle a été introduite par les premiers colons qui trouvaient que l'entretien d'une calèche avec attelage revenait très cher. La bicyclette, en revanche, leur permettait une plus grande souplesse et une plus grande mobilité d'action. D'autant que ce gros village, le «Petit Paris» comme on l'appelait à l'époque, était construit et posé à plat au beau milieu de la vallée de la Mekkera. Et comme les distances entre un point et un autre sont considérables, tout le monde s'est mis à la bicyclette dès 1920. Le riche comme le pauvre, l'Européen comme l'indigène. Qu'ils portent un casque colonial sur la tête ou un turban traditionnel, tous les Belabbésiens adoptèrent ce mode de transport qui perdurera jusqu'après l'Indépendance. Alain Afflelou qui est du cru avait, lui aussi, son vélo. Dans les années 70, la plupart des jeunes filles allaient en classe à bicyclette. Certains cafés avaient même mis à la disposition de leurs clients des crocs métalliques ou ils pouvaient garer leurs deux-roues en toute tranquillité, comme les chevaux de cow-boy devant le saloon... Les habitants utilisent aujourd'hui, des moyens de transport moins nostalgiques et moins romantiques qui ne donnent vraiment pas envie de rêver.