�Mais c�est un petit Paris�, s�est exclam� un illustre h�te en foulant le sol de Sidi-Bel-Abb�s. Gr�ce � ce reportage, nos lecteurs le d�couvriront. Nous souhaitons simplement que notre plume ait toute la vigueur n�cessaire pour �voquer avec fid�lit� l�histoire, la l�gende, les richesses de par sa position g�ographique et les multiples facettes de cette r�gion tant convoy�e par les colons fran�ais et bien des peuples autrefois. La l�gende de Sidi-Bel-Abb�s La r�gion porte le nom d�un marabout Sidi-Bel-Abb�s et sa kouba fut le jalon plant� pour sugg�rer aux hommes les conceptions strat�giques et �conomiques qui font �clore les villes. Sidi-Bel-Abb�s est un ch�rif, c�est-�-dire un descendant du Proph�te, son grand-p�re Sidi-El- Bouzidi quitta La Mecque et atterrit plus tard � Aflou dans le Sud alg�rien o� il �pousa plusieurs femmes et mourut � 114 ans en laissant 14 enfants. Parmi ces derniers, Sidi-El- Bouzidi, un de ses fils qui porte le m�me pr�nom, professa dans une c�l�bre medersas de Tlemcen. C�est de ce savant ulema de la medersa, que naquit l�enfant Sidi-Bel-Abb�s, marqu� du sceau de sacrifice et de la peine. Vers l��ge de 25 ans, celui-ci fait un songe o� une voix lui disait : �Prends ton b�ton et va porter la bonne parole aux tribus errantes de la plaine et de la montagne.� D�sormais, il est investi d�une mission. Personne n�osait plus entreprendre quoi que ce soit sans en r�f�rer � sa sagesse et dans tous les territoires visit�s par le marabout, la prosp�rit�, la paix et la concorde r�gnaient. C�est alors qu�intervint le d�mon qui r�veilla les basses passions et les mauvais instincts. Un faux proph�te apparut et ordonna aux tribus de le chasser sous pr�texte qu�il �tait une mal�diction divine. Et les grandes calamit�s de s'abattre sur la r�gion, faisant r�agir un vieillard sur le point d�expirer. �H�tez-vous de le retrouver et de vous faire pardonner de lui !� Les tribus des Amarnas et de Ouled Brahim se disput�rent alors la mission de le retrouver et de lui construire une zaou�a digne de ses m�rites. La victoire �chut � Ouled Brahim, mais Sidi-bel-Abb�s refuse de les suivre malgr� leurs supplications, la lecture du Coran, il restait in�branlable comme un roc. Et lorsqu�ils voulurent dans un moment de d�mence l�enlever par force, le saint homme se transforma en colombe et disparut. L�oiseau vola jusqu�� une colline dite �Si Amar� dans le centre-ville de Sidi-Bel-Abb�s et qui domine le marais de la Mekerra et resta perch� sur un arbre avant d�en redescendre et de reprendre sa forme humaine. Un berger du nom de Bensalah de la tribu des Amarnas fut t�moin de cette m�tamorphose. Sidi-Bel-Abb�s lui dit : �Malheur � toi si tu d�voiles ce que tu as vu.� Mais Bensalah ne sut conserver un aussi grand secret et le confia � Sidi Djelloul Ould Malek, un compagnon de Sidi-Bel-Abb�s qui parvint � le retrouver toujours sur la colline et arriva, � force de supplications, � pardonner � ses pers�cuteurs. Alors Ouled Brahim, Amarnas vinrent s'humilier devient lui et Sidi- Bel-Abb�s accepta de revenir parmi eux. Apr�s une longue vie de saintet� vers l�ann�e 1870, le saint homme, sentant sa mort prochaine, demanda � contempler les marais remplis de roseaux et l� il eut une vision c�leste qui le transfigura. L�homme de Dieu mourut et ses restes furent enterr�s dans une kouba. De la kouba du marabout, allait na�tre la ville de Sidi- Bel-Abb�s. Position g�ographique de Sidi-Bel-Abb�s La ville de Sidi-Bel-Abb�s s��l�ve sur les rives de oued Mekerra � peu pr�s au centre de la vall�e parcourue par cette rivi�re. La vall�e de la Mekerra est form�e par la grande d�pression qui existe entre le massif montagneux du Tessala et celui qui renferme les monts de Dhaya. Oued Mekerra, qui coule dans le grand thalweg form� par les d�pressions montagneuses, prend sa source au sud de Ras-El-Ma. Sur son dernier parcours, il devient oued Sig et se jette dans la mer M�diterran�e au point o� se trouvent les mar�cages de la Macta. La r�gion �tait infest�e par des b�tes sauvages : les lions, les panth�res, les hy�nes, les renards, les chacals, les sangliers et les gazelles. Les premiers colons eurent peu l�occasion de voir des lions mais ils connurent des chasseurs qui avaient eu � se mesurer avec ces terribles carnassiers et plusieurs Arabes s��taient fait une notori�t� dont ils �taient tr�s fiers comme tueurs de lions. Un des plus connus s�appelait �Demouche�. Il avait tu� dans sa vie 84 lions et une trentaine de panth�res, exploit qui lui a valu le titre de Ca�d de la tribu, mais malheureusement, un jour o� il chassa une lionne et la blessa. Tout occup� par sa proie, il ne vit pas le lion alert� par les rugissements de cette derni�re qui sauta sur lui et un duel s�ensuivit... Les gens du douar le retrouv�rent �tendu gravement bless� � c�t� du lion et de la lionne : le lion tu� de plusieurs coups de poignard et la lionne d�une balle dans la t�te. C��tait sa derni�re victoire, il v�cut encore quelques ann�es bris� et impotent. Les peuples ayant domin� la r�gion avant les Fran�ais Pendant des si�cles, l�Afrique fut un champ d��migration ou d�invasion par les peuples de l�Asie et de l�Europe, qui ont laiss� des traces notamment dans la r�gion de Sidi- Bel-Abb�s. Les Romains avaient divis� les Berb�res en plusieurs cat�gories. Les tribus cantonn�es dans le Tell re�urent le nom de Maures. C�est parmi ces Maures qu�il faut rechercher les premiers habitants de Sid-Bel-Abb�s qu�on pr�sente comme, ayant des m�urs s�dentaires et s�adonnant au jardinage et � la culture des c�r�ales, vocation actuelle de la r�gion. Le g�ographe arabe El Idrissi signale l�existence au XIIe si�cle de notre �re d�une grande ville berb�re non loin de la montagne de Tessala, il n�existe aucune ruine romaine sur l�emplacement occup� par la ville de Sidi-Bel-Abb�s proprement dite : il semblerait que les Romains n�aient jamais habit� le Tessala que dans un but purement militaire. Les vestiges d�occupation qu�on y rencontre sont A�n Zertita, A�n Bent Soltane. Ces ruines antiques sont des points dominants du massif o� l��il peut planer � son aise sur le vaste horizon. Les cimes de Tessala n�avaient d�importance que comme poste d�observation. D�aucuns ont pr�tendu que Tessala n�avait pas �t� occup�e par les Romains, mais bien par les Espagnols et que les ruines sont celles d�une citadelle �rig�e par ce peuple. Les premiers habitants �trangers � la ville A peine sortie de terre, Sidi-Bel- Abb�s est colonis�e par les militaires qui attirent � eux quelques parents et quelques amis, des colons qui re�urent � titre d�avance une paire de b�ufs et des semences. Les Fran�ais et les Espagnols y vinrent sans appr�hension. Ils d�ploy�rent des activit�s qui leur permirent de profiter des richesses de la r�gion. Les indig�nes entreprirent des d�marches pour r�cup�rer leurs anciens domaines. En 1873, un village n�gre appel� Graba est enfin cr�� et les Arabes purent y vivre selon leurs coutumes et religion. Le premier maire de Sidi- Bel-Abb�s s'appelait Jean-Pierre Roubiere et l�actuel P/APC est M. Mehdi Mohamed. En 1875, Sidi- Bel-Abb�s ouvre sa sous-pr�fecture. Th��tre La ville a �t� pourvue de tr�s bonne heure d�un th��tre. Il connut plusieurs transformations et actuellement, Sidi-Bel-Abb�s dispose d�un v�ritable joyau en plein centre-ville, une merveille r�alis�e par les Fran�ais faite de vo�tes et de colonnades style romain. Les ch�teaux La r�gion de Sidi-Bel-Abb�s peut se vanter de poss�der de beaux ch�teaux, abandonn�s par les riches colons. Certains, malheureusement, tombent en ruine, tels que celui de Lomet, Perrin. Par contre, d'autres situ�s en pleine cit�, ont connu des liftings et sont occup�s actuellement par des administrations de la da�ra et des douanes. Les premiers journaux b�lab�siens Le premier n� de la presse belabesiennne Le Sud Oranais est du 3 septembre 1832 co�ncidant avec la f�te locale de Sidi-Bel-Abb�s. Le deuxi�me enfant de la presse belabesienne avait pour titre L�avenir, devenu plus tard Le progr�s. Un autre titre voit le jour en 1891, Le Messager de l�Ouest qui devint plus tard Le Messager de l�Ouest sud oranais. Les anti-s�mites s'essay�rent avec le titre le Tonnerre puis la Mekerra, deux journaux qui moururent rapidement avant la naissance de L�Eveil, un autre organe non moins combatif que celui de La Cravache. Le R�publicain a termin� sa carri�re par une fusion avec Le Messager de l�ouest sud oranais. Plusieurs journaux d�Oran et d�Alger avaient leurs correspondants de Sidi- Bel-Abb�s � l�instar de L�Echo d�Oran, L�Echo d�Alger, La Revue d�Oran, Le Petit Oranais et La Dep�che oranaise. La premi�re �cole La construction de sa premi�re �cole, d�nomm�e Paul Bert actuellement Affane-Fatima, situ�e non loin du Cercle militaire, remonte � 1878 et elle fait toujours de la r�sistance face au temps qui s��gr�ne. La premi�re mosqu�e Les musulmans disposent depuis 1892 d�une mosqu�e au faubourg Bugeauad appel� aussi village N�gre et plus tard Graba et actuellement Emir Abdelkader. Les musulmans de la r�gion de Sidi-Bel- Abb�s sont affili�s � diff�rentes confr�ries : les Snoussia, les Kadari, les Derkaoua et les A�ssaoua. Le chemin de fer L�inauguration de la premi�re ligne de chemin de fer eut lieu le 1er mai 1877. Toute la population �tait � la gare pour voir arriver le premier train. Les visiteurs c�l�bres Napol�on III d�barqua � Oran le 14 mai 1865 et se mit en route pour Sidi-Bel-Abb�s le 16 mai et selon certains, le souverain a s�journ� dans le ch�teau devenu apr�s le si�ge de la sous-pr�fecture et actuellement la r�sidence du wali. Au d�ner officiel, ont �t� convi�s outre les autorit�s de la ville, les aghas Si Mokhtar et Si Abdelkader Ould Zine. Le maire de l��poque avait propos� en l�honneur de l'empereur la substitution du nom de Sidi-Bel- Abb�s-Ville � celui de Napol�on-Ville, ce dernier refusa et proposa celui de Sidi-Bel-Abb�s. Une religieuse illustre de la r�gion La colonisation romaine devait s�achever quelques ann�es plus tard avec l�arriv�e des vandales, p�riode o� la religieuse Robba fille de la plaine d�El Mcid (SBA) et de Ghriss (Mascara) s�illustra pour mener un combat contre les traditeurs Djebel �Robba� � El Mcid (Sfisef) dans la r�gion de Sidi-Bel-Abb�s et la basilique de Robba � Benian dans la wilaya de Mascara. 1600 ans apr�s, demeurent encore les rep�res de la guerri�re et du mouvement donatiste prol�taire du sud-ouest de la Maur�tanie c�sarienne. A ce jour, le pr�nom f�minin Robba �gaie les foyers de la r�gion et l�Ouest alg�rien en g�n�ral. Beuacoup de dignitaires de ce mouvement r�volutionnaire, le donatisme, ont �t� inhum�s dans cette cit� antique o� se trouve la basilique de Robba qui reste debout malgr� les agression du temps. Pour rendre hommage � titre posthume � ces h�ros qui ont dit non au colonialisme, nous dira le Dr Reffas Driss, secr�taire g�n�ral de l'acad�mie africaine pour la paix dont l�esprit curieux na cess� de chercher pour d�busquer les sites int�ressants et les vestiges dans la r�gion, t�moins de la r�sistance anticoloniale. Comme site insolite, Sidi-Bel- Abb�s, � l�instar de Paris avec sa tour Eiffel, Alger avec sa Casbah, Oran avec le Murdjadjo, ajoute M. Reffas, entretient savamment l�image de sa c�l�brit� qui, indubitablement, fait la fiert� de ses habitants : le b�toum, cet arbre g�ant, long de plus de 20 m avec 25 m de parapluie, est vieux de six si�cles. D�nomm� arbre de fer, il servait comme point de halte et de r�union � l��mir Abdelkader. Jadis la djema� (sages du village) tenait sa r�union sous le parapluie du mill�naire d�o� son autre nom la �sentinelle de la paix�. Pour en revenir � une v�ritable transition d'une culture de la guerre � celle de la paix, M. Reffas, promoteur des plus d�sint�ress�s, a lanc� un vaste mouvement autour de ce projet �la sentinelle de la paix� et son parc national en recueillant des signatures et en mobilisant des personnalit�s politiques, culturelles, scientifiques et sportives. Sidi-Bel-Abb�s est une wilaya importante de l�Ouest. Pour le cheflieu de la capitale de la Mekerra, on a compt� 204 000 habitants lors du recensement de 2008. Gardant jalousement les vestiges de son histoire, cela ne l�a pas emp�ch� de conna�tre un tr�s grand essor ces derni�res d�cennies. Elle est aussi tr�s souvent le laboratoire d�exp�riences en agriculture, industrie, chirurgie et dans bien d�autres domaines. Plusieurs festivals lui ont �t� confi�s derni�rement : le Festival international des danses populaires, celui du ra�, du film amazigh. Sidi- Bel-Abb�s peut aussi se targuer d��tre le berceau du rai ; d�ailleurs, le refrain d�une chanson disait �Zine oua ra� kharedj min Bel-Abb�s�. Durant la guerre de Lib�ration, Sidi- Bel-Abb�s s�est distingu�e avec son mouvement anticolonialiste, ses chouhada, et ses chahidette telles que Affane Fatima, Adim Fatiha, Soraya Bendimered, Tayeb Brahim Cherifa, Mekkaoui Zoulikha, etc. Le pr�sident Houari Boumediene avait activ� au maquis dans la r�gion de Tenira (Sidi-Bel- Abb�s) aux c�t�s de plusieurs moudjahidine dont certains, ayant �chapp� � la mort, ont occup� la sc�ne politique apr�s l�ind�pendance. Sidi-Bel-Abb�s tente ces derni�res ann�es de relancer son tourisme avec le r�am�nagement du lac Sidi-Mohamed Benali, un site important o� les familles viennent pour se d�tendre et les p�cheurs pour s�adonner � leur passion. El Attouch, sur les monts du Tessala, invite au plein air et au calme ; un site tr�s recommand� aux asthmatiques. Un autre lieu tout aussi int�ressant, si ce n�est la b�tise de l�homme qui a port� un sacr� coup � sa splendeur avec l�abattage de certains arbres seculaires rares, celui du jardin public qui �tait autrefois la parure de la ville de Sidi-Bel-Abb�s o� venaient s��battre les ch�rubins sur son gazon et dans sa piscine. Enfin pour terminer ce reportage, Sidi-Bel-Abb�s ne manquera pas, il est s�r et certain, de s�agrandir encore. Elle a devant elle un vaste champ de progr�s et d�veloppement. Quant aux traditions, les familles belabesiennes en seront le sanctuaire.