Suite et fin L'autorité française exploita cette émigration «dite volontaire» et contraignante des Béni-Ameur pour installer sur leurs terres des milliers de colons, sur les rives de la Mekerra, qui coulait imperturbable, indique une source universitaire. Passé cette cuvette de Sidi Ali Ben Youb, la Mekkera glisse plus lentement sur la plaine de Sidi Bel-Abbès jusqu'à Boukhanefis qui fut tristement célèbre au début de l'occupation française pour son pénitencier. L'histoire a retenu que c'est de ce pénitencier que s'évada le célèbre Bouchoucha et ces autres faits historiques tels l'attaque à partir de ces espaces des tribus des Ouled Brahim du 31 janvier 1845 (attaque du camp colonial établi dans le périmètre de l'actuel jardin public. L'histoire retiendra Belknadil Bendjeffal exécuté au yatagan le 21 mai de la même année à Oran, une exécution honteuse de la part de nos prétendus civilisateurs. Pour ce qui est du célèbre Bouchoucha et autres compagnons révolutionnaires, ils ont pendant de longues années animé la résistance à l'occupation française parmi les tribus Chaâmbas, dans le centre du Sahara. A l'instar des Ouled Brahim fraction des Béni-Ameur. Revenons au cours d'eau, à savoir la Mekerra, l'on indiquera ceci, de Boukhanefis jusqu'à Sidi Bel-Abbès, l'Oued Mekkera reçoit une série d'affluents comme Oued Tissaf, Oued Negadi, Oued Nedjen et autres à sec durant toute l'année mais qui se réveillent de temps à autre. Nous arrivons à Sidi Bel-Abbès. La Mekkera, alors tout près du site du mausolée de Sidi Bel-Abbès et Bouzidi, alimente un grand nombre de sources qui ont fait la richesse du territoire des Ouled Brahim, la rivière a laissé plein de légendes sur son passage à l'exemple de celle liée à une source appelée Aïn Ba Daho sur la rive gauche en aval du site du Mausolée de Sidi Bel-Abbès. Selon cette merveilleuse légende, Ba Dahou, fut un homme chevaleresque. La Source et les rives de l'Oued Mekkera furent témoins grâce à la mémoire collective et la poésie locale à ce jour nous rappelle le personnage de Dahou et la source malheureusement détruite, un grand hommage est à faire au grand poète. Au grand poète du Melhoun, Cheikh Benharat, qui a immortalisé cette légende dans une de ses qacidate. Il n'y a pas que lui, Mr Dellai de l'université d'Oran. L'artiste Lakarne Abbès qui a ressuscité dans son spectacle théâtral la «Halka», l'épopée suscitée. Au niveau de la ville de Sidi Bel-Abbès, le courant de l'Oued Mekkera est déjà assez fort pour que les colons qui s'étaient établis dans la région au cours de l'occupation française y installent des moulins. «Deux moulins seront construits : le moulin Avrial et le moulin Sellière du nom de leurs propriétaires, le second sera racheté par M. Estève. Tous deux fonctionnent à l'aide d'une grande roue à aube et reçoivent l'eau de l'Oued Mekkera. Le moulin Avrial, construit en plein centre, est alimenté par un canal cimenté sur lequel ont été placées des petites vannes, branchées sur de petits canaux destinés à l'irrigation des jardins potagers : le moulin Sellière reçoit l'eau par un canal latéral, à même le sol, en amont à quelques centaines de mètres», indique une source universitaire très entreprenante dans cet aspect là, à savoir l'histoire de la région et l'Algérie en général. A Sidi Bel-Abbès, la Mekerra était également le seul cours d'eau où, jadis, quand ses eaux étaient moins polluées, tous les gamins de plusieurs quartiers tels la vallée des jardins, de faubourg Perrin jusqu'au célèbre quartier de village Errih à la sortie nord-est de la ville apprenaient à nager. Quant aux adultes, spécialement les habitants des quartiers riverains, ils s'y adonnaient aux plaisirs de la pêche et possédaient chez eux un bel attirail de pêche. A la sortie du périmètre urbain de Sidi Bel-Abbès, la Mekerra se perd, par intervalles, laissant apparaître des sections desséchées de sont lit. En route dans le passé comme aujourd'hui sur la double voie, la RN 13, on voit aisément la rivière de la Mekerra qui est alimentée par des résurgences et surtout par l'appoint de l'Oued Sarno qui descend du Tessala et qui est situé à droite de l'entrée de Sidi Bel-Abbès en venant d'Oran (17 km du chef-lieu de wilaya à sa gauche). La rebelle Mekerra est alors plus puissante et ses eaux sont plus saines, indique la même source, et par conséquence plus précieuse pour les cultures et pour l'alimentation. Elles constituèrent souvent un véritable enjeu dans les conflits entre riverains. Des documents d'archives de 1838, du temps du pouvoir de l'Emir Abdelkader, les Béni-Ameur, en conflit avec leurs voisins les Gheraba, privèrent ces derniers des eaux de la Mekerra en y construisant un barrage. Oued El-Mebtouh et les Mehadja. A partir de Aïn El-Berd, la rivière longe le pied de la muraille qui ferme au sud le bassin de la Sebkha d'Oran et change de nouveau d'appellation puisqu'elle devient Oued Mebtouh. Il conserve cette réputation avec son nom, en aval des Trembles, Oued Mebtouh «humide, mouillé». La région que l'Oued Mebtouh traverse est le fief des Mehadja, réputés pour leurs légendes des «quarante chéchias», symbolisant les quarante saints enterrés un peu plus loin au M'cid, la région des Mehadja est célèbre dans l'histoire pour ses medersas coraniques et pour son rôle de relais des caravanes. Cette région à l'instar d'autres se distingua par son attachement aux valeurs arabo-musulmanes, l'Oued Mebtouh fait ainsi irruption dans les qacidate du célèbre barde des Béni-Ameur, Mostafa Ben Brahim, une icône comme Madani, Saïm El-Hadj et autres. Oued Sig et le barrage des Cherfas. L'Oued Mebtouh continue son chemin et franchit par une brisure un massif montagneux et à sa sortie d'un étroit défilé, il se déverse sur la plaine de Sig et change de nouveau de nom pour devenir Oued Sig. L'Oued Sig est probablement l'antique rivière Tassacura, évoquée dans les écrits relatifs à la révolte de Firmus contre l'empereur Valentinien II au IVè siècle après J.C. Par ailleurs, l'appellation antique Tassacura aurait-elle quelque parenté toponymique avec Mekkera. Tumultueux en hiver quand il se libère de son défilé, il n'y a pas que ce défilé pour rester dans le contexte des hommes et des femmes très célèbres mondialement sont natifs au pied de la Mekerra qui a été toujours une région fertile féconde : les Liabès Djilali, Salat Abdelkader, Tayebi El-Arbi, Mohamed Bedjaoui Amir Benaïssa... Tous ministres de la République et autres sommités intellectuelles, héros et héroïnes de la Révolution sont à citer en parallèle à l'histoire de ce cours d'eau qui deviendra ou prendra l'appellation de Oued Sig, qui est ralenti par le barrage des Cheurfas, à 20 km en amont de Sig, et construit en 1880-1882. Oued Sig termine son voyage depuis les sources de la Mekerra sur les hauteurs du Djebel El-Beguira, un voyage de 240 kilomètres jusqu'à la Macta, entre montagnes et plaines, entre légendes et histoire, entre défaites et victoires, indique la même source universitaire, de par sa contribution pour lever bien des équivoques.