Habitude - Dans de nombreuses agglomérations des Hauts-Plateaux où les gens se connaissent de père en fils, on identifiait les habitants par leur arch ou leur douar. C'est une particularité algérienne. On s'est toujours appelé par son origine dans les villages les plus reculés du pays. Dix ans après l'indépendance, c'est-à-dire jusque dans les années 70, on pouvait observer dans certaines régions de la bande steppique que les citoyens se désignaient le plus naturellement du monde par le nom de leur tribu, de leurs pays d'origine et quelquefois par le métier que leurs parents ont exercé dans la communauté ou qu'ils exercent eux-mêmes. Ainsi par exemple, dans de nombreuses agglomérations des Hauts-Plateaux où les gens se connaissent de père en fils, on identifiait les habitants par leur arch ou leur douar. On disait donc volontiers l'khaldi en référence à la tribu des khoualeds, l'azizi, en référence à la tribu des Ouleds Aziz ou l'bouafifi en référence à la tribu des Ouleds Afif. Dans d'autres bourgs, les artisans étaient désignés non pas par leur douar, mais par leur pays d'origine étant entendu qu'ils descendaient d'anciens expatriés. A Sougueur lorsqu'on disait l'figuigui «Figuig» tout le monde savait qu'il s'agissait du boulanger et lorsqu'on disait ecchami «Syrie» tout le monde savait que c'était l'imam. Parfois c'était une invalidité physique d'un ancêtre qui prenait le pas sur le nom propre de toute la famille. Un ancien combattant de la Guerre 14/18 a toujours été affublé, sous ces climats, du pseudo de tripani à cause d'une trépanation qu'il avait subie au cours du conflit mondial. Ses enfants et ses petits-enfants continuent toujours d'être appelés ouled ou b'net «tripani». Au nord, sur la bande littorale, les arrière-petits-enfants d'un ancien propriétaire de calèche ont hérité à vie du nom du métier de leur aïeul. On les désigne aujourd'hui encore par «dar-el-calichi». Les choses, bien sûr, ont commencé à changer et chacun reprend peu à peu ses billes.