Résumé de la 1re partie - A Souk El-Tenine, Hocine, le boulanger du village, rencontre Allaoua, le père de sa bru qui s'inquiète pour sa fille, lorsque Hocine lui dit qu'il doit lui parler. D'un geste apaisant, Hocine le force à s'asseoir à côté de lui. Justement, le marchand de café arrive à leur hauteur, portant un broc fumant qu'il a réchauffé sur un feu de braise, à l'entrée du souk. — Prenons un bon café, et discutons ! L'autre ne peut s'empêcher de lui répondre âprement. — Non, parlons d'abord, et buvons le café ensuite. Tu m'intrigues, «ya radjel» parle ! Qu'y a-t-il ? — Il s'agit de Zoheïra ta fille... Voilà... Je sais que nous devons accepter tout ce qui nous vient de Dieu... Mais voilà maintenant quatre ans que mon fils l'a épousée et elle n'a jusqu'à présent pas d'enfants... Un long silence s'ensuivit. Hocine ramasse une brindille et dessine sur la poussière du sol des arabesques que Allaoua suit du regard, de plus en plus irrité. — Mais... voyons Hocine, il est encore trop tôt pour juger, je te l'ai donnée très jeune, ma fille, elle n'avait que 13 ans... Elle a encore de longues années devant elle, et Dieu peut lui donner une nombreuse progéniture. — Des femmes qui s'y connaissent, surtout la vieille Zohra, la sage-femme de toute la dechra a dit qu'elle ne pourrait pas avoir d'enfant... Quelque chose..., une malformation, qu'elle a dit. En principe toutes nos femmes ont un bébé dès la première année de leur mariage, et mon pauvre fils Youcef est très malheureux ! — Et nous aussi, le coupe Allaoua, toutes nos femmes ont de nombreux enfants, aucune n'est stérile. Les deux sœurs de Zoheïra en ont cinq chacune, des filles et des garçons ! Nous sommes une famille nombreuse et Zoheïra est comme ses sœurs... Un éclair s'allume dans ses yeux : — A moins que ce ne soit un prétexte pour ramener la fille du taleb Sidi Karouèche. Ma femme a entendu cette rumeur il y a quelques jours à la fontaine de Hanoune, et elle est revenue à la maison avec sa cruche vide tellement elle était en colère... La fille de Karouèche... Les fines lèvres de Allaoua eurent une moue de mépris et il jeta au loin une petite pierre qu'il avait ramassée. — Non, par Dieu, non, Allaoua mon frère, par le sel et le pain que nous avons partagés. Ce n'est pas vrai. Ma femme est une véritable pie, tu connais les «ajouz»... Elle souffre de voir son fils sans progéniture. — D'ailleurs, dit Allaoua, irrité, ma fille Zoheïra au dernier Aïd, quand elle est venue chez nous, n'a pas cessé de pleurer et de raconter les insinuations de bent El-Hamadi, ta femme. «Elle ne perd pas une occasion de me rappeler ma stérilité, pourtant, j'ai tout fait pour y remédier», avait-elle avoué à sa mère... Et ma femme compte bien venir en parler avec ben El-Hamadi. Pourquoi persécute-t-elle ma fille ? Seul Dieu peut donner et seul Lui peut reprendre... Crains Dieu, Hocine, ajouta-t-il d'un ton menaçant. (A suivre...)