Paravent - C'est en fouillant dans sa cuisine, bien enfouie au fond d'une poubelle ménagère, que l'on mettra la main sur ce qui allait le sauver, une bouteille de whisky largement entamée. C'était l'époque de la décennie noire. Chaque jour apportait son lot de bombes, de massacres collectifs et d'assassinats. Ni les routes, ni les aéroports, ni les marchés, ni les lieux publics n'étaient sûrs. L'ennemi n'avait pas de visage, n'avait pas d'âge, n'avait pas de nom. Il pouvait s'habiller comme tout le monde, sortir de n'importe où, il pouvait être votre voisin, votre parent, votre marchand, la terreur avait gagné la majeure partie des citoyens. Des villages entiers dans l'Algérois comme Sidi-Moussa avaient été désertés par leurs habitants et leurs villas cédées pour une bouchée de pain. A Saïda par exemple, il était déconseillé de rouler l'après-midi sur la route menant à Sidi Bel Abbes où les faux barrages étaient fréquents. La ville elle-même sera arrachée à sa relative tranquillité par une série d'attentats.Exécutés sur le même mode opératoire, ils étaient sans doute l'œuvre de la même katiba. Les actes de barbarie succèdent aux actes de barbarie et aucune piste ne sera négligée pour traquer et arrêter les tueurs. La vie de certains citoyens sera passée discrètement au crible. Particulièrement celle de l'un d'eux dont on savait qu'il avait eu un moment quelque faiblesse pour le FIS. On se rendra compte plus tard que ce n'était qu'un paravent qu'il avait dressé pour avoir la paix avec ces gens-là. C'est en fouillant dans sa cuisine, bien enfouie au fond d'une poubelle ménagère, que l'on mettra la main sur ce qui allait le sauver, une bouteille de whisky largement entamée. Tout le monde aura compris alors que ses supposées convictions islamistes n'étaient que du vent...