Résumé de la 75e partie - Le père Kennedy, de l'église St Monica, appelle Steve pour l'informer qu'il a trouvé un paquet contre la porte du tabernacle. Il le prie de venir le chercher. Hank Lamont gara sa voiture en face du bar le Mill Tavern, sur Fairfield Avenue, à Carley. La neige tombait à nouveau en flocons serrés et de brusques rafales de vent la plaquaient sur le pare-brise. Ses grands yeux bleus au regard innocent se rétrécirent comme il scrutait l'intérieur du bar faiblement éclairé. Le mauvais temps avait retenu les gens chez eux. C'était aussi bien. Il pourrait plus facilement parler au patron, si celui-là était du genre à discuter le bout de gras. Il descendit de voiture. Bon Dieu, qu'il faisait froid ! Quelle sale nuit ! Filer la voiture de Peterson tout à l'heure ne serait pas aisé. Il y aurait sans doute si peu de voitures sur la route, qu'on les verrait comme le nez au milieu de la figure. Il ouvrit la porte et entra dans le bar. L'air chaud et une agréable odeur de bière et de nourriture lui remplirent les narines. Clignant des yeux pour chasser la neige, il inspecta la salle. Il n'y avait que quatre hommes. Il s'avança d'un pas tranquille, se hissa sur un tabouret et commanda une bière Michelob. Tout en la dégustant, il laissa ses yeux errer de droite à gauche. Deux des clients regardaient un match de hockey à la télévision. Au milieu du comptoir, un type genre petit cadre bien habillé, aux yeux vitreux et aux cheveux blancs dégarnis, sirotait un Martini. Il surprit le regard de Hank. «Vous êtes bien de mon avis, n'est-ce pas monsieur, qu'il faut être fou pour faire quinze kilomètres en voiture par un temps pareil ? Qu'il est plus prudent d'appeler un taxi ?» Il réfléchit un instant. «Surtout avec un rhume, ajouta-t-il inutilement. — Vous avez parfaitement raison, approuva Hank Je viens de Peterboro et laissez-moi vous dire que les routes sont épouvantables.» Il avala une gorgée de bière. Le barman essuyait les verres. «Vous êtes de Peterboro ? Jamais venu dans le coin, n'est-ce pas ? — Non. Je suis juste de passage. Je voulais m'arrêter un peu et je me suis souvenu que mon vieux copain Bill Lufts me disait qu'il venait souvent ici à cette heure. — Ouais. Bill vient ici presque tous les soirs, reconnut le barman. Mais vous n'avez pas de chance. Il n'est pas venu la nuit dernière parce qu'il sortait sa femme pour leur anniversaire ; dîner et cinéma. On pensait qu'il la lâcherait à la maison et qu'il viendrait prendre un dernier verre, mais il ne s'est plus montré. Curieux qu'il soit pas là ce soir non plus, à moins qu'elle lui ait fait une scène. Et si c'est le cas, on va en entendre parler, hein Arty ?» L'autre buveur solitaire leva les yeux de son verre de bière. «Ça rentre par une oreille, et ça sort par l'autre bougonna-t-il. Qui s'intéresse à ces salades ?» Hank rit. «Et alors, à quoi sert un bar, si c'est pas quand y'en a ras-le-bol ?» Les hommes qui regardaient le match de hockey fermèrent la télévision. «Match à la gomme, commenta l'un. — Minable, renchérit l'autre. — C'est un ami de Bill Lufts.» Le barman désignait Hank de la tête. «Les Watkins, fit le plus grand. — Pete Lerner, mentit Hank. (A suivre...)