Longtemps, en Algérie, le teint clair a été le canon de la beauté, notamment chez la femme. Bayd'a, en arabe, tachebh?ant, en berbère, caractérisent le teint blanc de la jolie fille. D'ailleurs, en kabyle, tachebh?ant signifie aussi belle. Les deux mots ont fourni deux prénoms féminins, autrefois très utilisés : Bayd'a et Chabh?a, exacts équivalents des prénoms français Blanche et italien Bianca. Mais aujourd?hui, les canons de la beauté ont quelque peu changé et la blancheur n?est plus forcément synonyme de beauté. Ainsi, l'expression bayd?a ki leh?lib (blanche comme le lait) peut être élogieuse comme elle peut être moqueuse. On dit aussi lahda ? d?une marque de lait en poudre ? pour parler de la blancheur proche de la pâleur. Mais la pâleur est toujours assimilée à la mauvaise santé ou... à la méchanceté : msafar, msfara (pâlot et pâlote), mez?ûq et mez?ûqa (blafard et blafarde), sont toujours péjoratifs et on les emploie beaucoup plus comme termes d'insulte que comme qualificatifs. Mez?ûq, notamment, a pris le sens de jaloux, parce que, croit-on savoir, la jalousie change le teint. Au contraire de la pâleur, la rougeur illumine le teint : c?est le signe de la bonne santé et, chez la jeune fille, de la pudeur. Le verbe hemmar (faire rougir) a également le sens de faire honneur et on l'emploie dans la formule de v?u : Allah ihemmar wadjhek (que Dieu te rougisse la face !), c'est-à-dire que tu ne sois pas déshonoré ; fasse que tu sois toujours fier ; que tu n?aies pas à avoir honte. Le berbère izwigh (rougir) a exactement les mêmes emplois.