Le mot signifiant noir est kh?al en arabe dialectal algérien, aberkane en berbère. Mais on trouve dans les deux langues des dénominations secondaires : aswad, kahlouche en arabe, azett?af, asettaf en berbère? A l?inverse de byadh et amellal (blanc), noir a surtout des valeurs négatives : méchant, laid, impur. On parle ainsi de «c?ur noir» (en arabe qelb kh?al, en berbère ul aberkan) pour désigner une personne impitoyable. La noirceur du teint symbolise la laideur, mais aussi l?impudence : wedjhu khal, ma yseth?i-ch (son visage est noir, il n?éprouve pas de pudeur) et, en kabyle udem aberkan ur yett?izwi ara, dit-on (une face noire ne rougit pas, c?est-à-dire n?éprouve pas de honte). Cependant, on apprécie les sourcils, les yeux et les cheveux noirs quand ils contrastent avec la blancheur du teint. Et le teint brun, el-khomri, chez l?homme comme chez la femme, est un signe de beauté, notamment dans les régions sahariennes. Dans ces régions, on dit aussi lwan al bedwi (le teint bédouin), c?est-à-dire foncé, presque noir, empreinte du soleil brûlant du désert, mais aussi des longues chevauchées? La couleur noire est le fard favori pour les yeux : c?est d?ailleurs l?une des dénominations arabes de la couleur, kh?al, qui fournit le nom de l?antimoine, lekh?ul, passé en français sous la forme khôl ; le produit est appelé, en berbère, tazult. Mais dans les deux langues, c?est le même verbe, kehh?al, qui est employé pour dire «se passer les yeux au noir, se farder les yeux». Il y a d?autres couleurs pour maquiller les yeux, mais c?est le noir qui a la faveur des femmes et des hommes qui, parfois, se fardent également les yeux.