Mémoire n La maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, organise, aujourd'hui, samedi, un hommage à titre posthume à l'un des géants de la chanson chaâbie, Dahmane El-Harrachi décédé le 31 août 1980. Cet artiste très apprécié pour son talent et son œuvre agrémentée d'une voix rocailleuse que nul chanteur ne pourra imiter, sera donc revisité aujourd'hui à travers une exposition photos retraçant sa vie et son parcours artistique qui sera présenté au niveau du hall de la maison de la culture. Le petit théâtre de la structure culturelle accueillera, quant à lui, un florilège de vidéos sur la vie et l'œuvre de Dahmane El-Harrachi, tirée des archives de la Télévision nationale algérienne (ENTV), dont des clips et galas artistiques, notamment trois enregistrements où il a joué son propre rôle de chanteur chaâbi dans un téléfilm qui a pour titre Saha Dahmane tourné juste avant sa disparition survenue le 31 août 1980 à Aïn Benian dans un accident de la route. Le tout sera rehaussé par des témoignages sur ce que fut l'homme et l'artiste, que donneront des membres de sa famille, dont son fils Kamel El-Harrachi, également auteur-compositeur interprète de chaâbi, et des amis artistes à l'exemple de Rachid Mesbahi, Kamel Aziz et Akli Yahiatène au niveau de la grande salle de spectacles. L'après-midi, vers 14 heures, les amoureux du chaâbi ont rendez-vous, dans la grande salle de la maison de la culture, avec un spectacle en hommage au défunt artiste, auquel participeront de grandes figures de la chanson algérienne, dont Akli Yahiatène, Reda Doumaz, Kamal Aziz et Rachid Mesbahi. Deux artistes de la maison de la culture Malek Bouguermouh de Béjaia, Bouzou et Mounia. L'auteur-compositeur et interprète de la musique chaâbie, Dahmane El-Harrachi, de son vrai nom Abderahmane Amrani, est né le 7 juillet 1926 à El-Biar à Alger. Il était le benjamin de onze enfants. Sa famille originaire de Khenchela, déménagera à Belcourt, puis s'installera définitivement à El-Harrach, d'où Dahmane tire son nom d'artiste. Il s'initie très tôt au banjo, il est influencé par le chanteur chaâbi, Khelifa Belkacem. A l'âge de 16 ans, il interprétait déjà les chansons de ce dernier. C'était déjà un virtuose du banjo et beaucoup de chanteurs chaâbi des années quarante s'offrent ses services, à l'instar de Hadj Menouar, Cheikh Bourahla, Cheikh Larbi El-Annabi, Abdelkader Ouchalal et Cheikh El-Hasnaoui avec qui il se produit pour la première fois en 1952 au Café des artistes à Paris. Il marqua à sa manière le chaâbi, en imposant son propre genre. Son originalité et son timbre de voix exceptionnel ont fait qu'il se distingue des autres chanteurs chaâbis. Dans ses chansons où il parle du vécu des émigrés dans une langue riche et compréhensible par toute la communauté maghrébine. Il enregistre son premier disque chez Pathé Marconi en France en 1956. l La première chanson de feu Dahmane El-Harrachi portait le titre de Behdja bidha ma t'houl (Alger la blanche ne perdra jamais de son éclat). Son répertoire se compose de près de 500 chansons dans lesquelles il brosse les thèmes de la nostalgie du pays «l'ghourba», les souffrances de l'exil, sa passion pour Alger sa ville natale, l'amitié, la famille, l'amour, les vicissitudes de la vie, la droiture... tout en fustigeant la malhonnêteté, l'hypocrisie, l'ingratitude et la mauvaise foi. Parmi ses inoubliables chansons citons, Zoudj hmamet, Ach eddani nkhaltou, Khabbi serek, Elli fat mat, Ya rayah, yal hajla, Ma idoum ghir essah... Découvert sur le tard en Algérie, car il a fait toute sa carrière artistique en France, il ne se produisit officiellement qu'une seule fois en public, en 1974 à la salle Atlas d'Alger, où il remporta un énorme succès.