Hostilité - Critiqué et chahuté dans la rue parisienne par des manifestants, le président tunisien, Moncef Marzouki, venu y présenter son dernier ouvrage, a dit assumer son rôle de président ouvert au dialogue, d'homme de consensus. A l'issue de sa visite en France, M. Marzouki a donné une conférence sur l'avenir des révolutions arabes, à l'occasion de la parution de son dernier ouvrage L'invention d'une démocratie. Les leçons de l'expérience tunisienne. Puis il a répondu aux sévères critiques exprimées par l'assistance, certains lui reprochant son alliance avec le Parti islamiste, Ennahda, ou de recevoir des «milices armées» de la Ligue de protection de la révolution (LPR). «J'ai reçu tout le spectre politique tunisien, même des salafistes. J'ai reçu tout le monde, je dois parler à tout le monde», a affirmé M. Marzouki. Quant à l'alliance de son parti, le Congrès pour la République, avec Ennahda, au pouvoir, il l'a expliquée : , a-t-il assuré, soulignant qu'il y avait «des islamistes totalement réfractaires à la démocratie». «Mais nous avons aussi nos démocrates musulmans. Il faut sortir des simplifications», s'est-il exclamé. Pourtant, dans la nuit de jeudi à vendredi, dans sa page officielle Facebook, le ministère de l'Intérieur a précisé que 150 islamistes radicaux ont tenté de s'introduire de force dans les locaux d'un poste de police à Hergla en jetant des pierres sur des agents de sécurité, causant «de gros dégâts matériels». «Dans un premier temps, la police a mis en garde verbalement ces membres avant de tirer au gaz lacrymogène pour les disperser. Mais devant l'insistance de ce groupe, les forces de l'ordre ont été obligées de faire usage de balles réelles, faisant un mort et 4 blessés parmi les assaillants», explique le ministère. Un événement loin d'être isolé et qui contraste avec les déclarations du président tunisien à Paris, accusé par ses détracteurs de «faire la part belle aux islamistes». C'est d'ailleurs au cri de : «Monsieur le bricoleur de la démocratie», «au Qatar !», «Vendu !», que le Président a quitté la salle à la fin du débat. Dans les rues parisiennes, plusieurs dizaines de manifestants tunisiens, tenus à distance par des barrages de CRS et des barrières métalliques, brandissaient des pancartes parodiant le titre de son ouvrage, devenu «L'assassinat d'une démocratie», ou «L'invention d'une atteinte aux droits humains». «Qui a tué Chokri Belaïd ?», l'opposant laïque assassiné à Tunis le 6 février dernier, pouvait-on aussi lire sur les pancartes.