Violence - Une série d'attentats contre des hommes politiques pakistanais de renom a fait au moins 20 morts, hier soir, une journée noire de la campagne électorale, marquée par le rejet de la candidature de l'ex-Président Pervez Musharraf. Un attentat suicide des talibans contre un rassemblement d'un parti laïque a fait au moins seize morts et des dizaines de blessés, hier soir, dans le nord-ouest du Pakistan. L'explosion s'est produite dans le quartier de Yakatoot à Peshawar, grande ville du Nord-Ouest du pays, peu après l'arrivée sur place de Ghulam Ahmed Bilour, un haut responsable du parti national Awami (ANP), une formation laïque. Au moins 16 personnes ont péri et plus de 35 autres ont été blessées selon des sources hospitalières. Ghulam Bilour, dont le frère Bashir avait été assassiné par les talibans en décembre dernier, avait défrayé la chronique à l'automne en offrant une récompense de 100 000 dollars en échange du meurtre du cinéaste à l'origine du film hostile au prophète Mahomet, L'innocence des Musulmans. Des images des chaînes de télévision pakistanaises montraient des véhicules incendiés, des secouristes tentant d'aider des victimes dans un nuage de fumée et du sang sur le pantalon de M. Bilour dont la mobilisation contre le film anti-musulmam lui avait pourtant valu un certain respect des talibans. Le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), mouvement des talibans pakistanais, a néanmoins revendiqué l'attentat de Peshawar. «Nous nous excusons auprès de Ghulam Bilour car nous avions annoncé une amnistie dans son cas». Avec d'autres attentats contre d'autres candidats, la journée de mardi a ainsi été le jour le plus sanglant depuis le début, le mois dernier, de la campagne, en vue des élections législatives du 11 mai prochain. Ce scrutin est le premier de l'histoire du Pakistan à intervenir après qu'un gouvernement civil eut achevé son mandat de cinq ans, d'où son importance pour la consolidation de la démocratie dans ce pays de 180 millions d'habitants abonné aux coups d'Etat. Lundi, la candidature du Premier ministre sortant, Raja Pervez Ashraf, avait été invalidée. Mardi ce fut au tour de l'ex-président Pervez Musharraf, qui est rentré en mars de quatre ans d'exil, de se voir son dossier rejeté. Le «général Musharraf» est mis en cause pour son implication présumée dans les meurtres du chef indépendantiste de la province du Baloutchistan, Akbar Bugti, en 2006 et de l'ancienne Première ministre Benazir Bhutto en 2007.