Tendance - La volonté de poursuivre le travail reste également tributaire d'un minimum de contraintes pour les concernés. Plusieurs fonctionnaires dans différents secteurs d'activité, notamment ceux dont le métier permet d'exercer librement, n'hésitent pas, ces dernières années, à déposer leurs demandes de retraite dès que l'âge légal est atteint ou que le nombre d'années de service nécessaires est cumulé. Etant certains de pouvoir mieux gagner leur vie ailleurs, le souci majeur de ces derniers consiste en l'évacuation de la pression quotidienne à laquelle ils sont confrontés au quotidien. «Je viens de déposer ma demande de retraite. Des responsables ont bien tenté de me convaincre de poursuivre le travail, mais j'ai catégoriquement refusé. Il y a trop de pression et je veux me reposer un peu et puis je travaillerai dans des cabinets privés», nous dit Mohamed, 56 ans, expert-comptable dans une administration centrale à Alger. «Je ne vais pas m'arrêter de travailler, car pour moi la comptabilité est avant tout une passion. Je vous assure que tous mes amis exerçant différentes professions ont fait de même car, à notre âge, la pression peut se répercuter négativement sur notre santé déjà fragile», ajoute notre interlocuteur. Certains secteurs d'activité enregistrent, ces derniers temps, un nombre important de départs à la retraite. L'Education nationale connaît, du moins selon les syndicats autonomes de ce secteur, des demandes «massives» de départs à la retraite, en raison de l'incapacité des enseignants à suivre le rythme des réformes et les multiples contraintes liées à la surcharge des classes et des programmes. Les enseignants ne peuvent plus supporter les conditions de travail et ils préfèrent partir à la retraite dès qu'ils atteignent l'âge légal. Et il y a aussi ceux qui demandent une retraite anticipée, soulignent les syndicats. Interrogés sur le sujet, certains enseignants des cycles moyens et secondaires ont bien confirmé la donne, affirmant qu'ils préfèrent en finir avec l'école publique pour travailler, plus tard, au sein des établissements privés ou même à domicile. «Personnellement, j'attends avec impatience la fin de cette année scolaire. Je n'ai pas atteint l'âge de la retraite, mais j'ai fait 32 ans de service, ce qui me donne le droit de bénéficier d'une retraite complète. J'aime mon métier, mais je préfère ménager ma santé et exercer ensuite à mon compte», indique, pour sa part, M. S., professeur de langue française dans un lycée à Boumerdès. «Les directeurs des établissements scolaires tentent de nous convaincre de poursuivre le travail, ce que nous avons absolument refusé, car nous sommes déjà fatigués et nous voulons prendre un petit répit avant de renouer avec l'activité de la façon qui nous arrange», soulignent certains enseignants dans différents collèges et lycées d'Alger. La réalité est d'ailleurs évidente ; des écoles privées affichent, dans leurs annonces publicitaires, que les formations à leur niveau sont assurées par des enseignants expérimentés. L'enseignement est avant tout une «passion», ont insisté, à l'unanimité, nos interlocuteurs, ajoutant qu'à un certain âge, la pression devient, tout de même, insupportable.