L'Amérique et le monde sauront-ils, un jour prochain, ce qui a poussé les deux Tchétchènes à endeuiller le marathon de Boston ? L'un des présumés auteurs est décédé ; l'autre a été capturé, mais dans un état très critique et dans l'impossibilité de parler. Les enquêteurs ne désespèrent pas de découvrir les mobiles de leurs actes. Maintenant que les deux suspects d'origine tchétchène ont été neutralisés, les enquêteurs américains cherchent à établir les mobiles du double attentat du marathon de Boston, qui a fait trois morts lundi et ravivé le spectre du terrorisme aux Etats-Unis. Autre interrogation majeure des enquêteurs pour le moment sans réponse : Tamerlan et Djokhar Tsarnaev, deux frères respectivement âgés de 26 et 19 ans, ont-ils agi seuls ou ont-ils bénéficié de complicités à l'intérieur ou à l'extérieur des Etats-Unis ? Les deux jeunes gens, qui avaient émigré aux Etats-Unis il y a une dizaine d'années, sont soupçonnés d'avoir déposé les bombes artisanales faites à partir de cocottes-minute pleines de clous et de billes d'acier sur la ligne d'arrivée du marathon de Boston. Le benjamin, naturalisé américain, a été capturé vendredi dernier à la suite d'un échange de tirs avec la police dans la banlieue bostonienne de Watertown où il s'était retranché après avoir été blessé. Il est actuellement hospitalisé sous bonne garde. Touché à la gorge et à la langue, il ne peut pour le moment répondre aux enquêteurs. «C'est grave (...) Il n'est pas encore en état de parler. Nous avons des millions de questions et elles doivent être élucidées», a déclaré le gouverneur du Massachusetts. Marié et père d'un enfant, Tamerlan Tsarnaev, un ancien boxeur, a, lui, été tué jeudi dernier lors d'une première fusillade avec les forces de l'ordre. Il était marié à une Américaine dont la famille vit dans un quartier relativement aisé et dont il avait eu un enfant. Le père de la jeune femme est un médecin urgentiste agréé. «Elle a complètement changé de tenue vestimentaire», a déclaré une voisine de la famille, parlant de l'épouse de Tamerlan. «Quand elle est partie, c'était une jeune Américaine comme les autres et quand elle est revenue un an après, elle avait changé d'apparence et portait le voile.» Djokhar Tsarnaev s'était caché sous la bâche d'un bateau entreposé dans le jardin d'une maison. Il a été découvert par le propriétaire, alerté par des traces de sang suspectes dans le jardin, qui a prévenu les forces de l'ordre. D'après la police, il saignait abondamment et se trouvait dans un état grave au moment de son hospitalisation. Après sa capture, le président Barack Obama a estimé que des questions restaient en suspens, notamment sur le point de savoir si les deux suspects avaient bénéficié d'aide. «Ils ont agi ensemble et seuls», affirme le chef de la police de Watertown. Hier samedi, plusieurs parlementaires républicains ont invité Barack Obama, qui avait évoqué «un acte de terrorisme», à faire en sorte que Djokhar Tsarnaev soit jugé en tant qu'«ennemi combattant». D'après des responsables américains, les deux frères n'ont fait l'objet d'aucune surveillance particulière. Le FBI a toutefois admis vendredi dernier avoir interrogé l'aîné en 2011 à la demande d'un gouvernement étranger non identifié. Certaines sources proches des services de renseignement américains ont indiqué que ce sont les autorités russes qui avaient demandé dès 2011 au FBI d'enquêter sur les agissements de Tamerlan Tsarnaev, selon Reuters.